Trop'Violans interpelle l’État sur les engagements de 2017
Insécurité

Trop'Violans interpelle l’État sur les engagements de 2017

Gérôme GUITTEAU, g.guitteau@agmedias.fr
Trop'Violans, mars 2023
Trop'Violans, mars 2023 • GG

Trop'Violans était devant l'hôtel préfectoral, mercredi matin, afin de faire pression pour la mise en action des comités de suivi des accords de Guyane de 2017 notamment celui sur la sécurité afin de répondre à la multiplication des homicides. Une lettre ouverte a été envoyée au ministre de l'Intérieur et des Outre-mer.

Les barrières métalliques entourent l'espace vert le plus proche de l'hôtel préfectoral, jusqu'au manguier célèbre de la place Héder. Quelques policiers sont présents, ce mercredi matin.

Un petit groupe de membres de Trop'Violans se sont mis au mitan de la préfecture, drapeau guyanais flottant au vent. La voix d'Yvane Goua tance le manque de réactions du préfet face à la multiplication des homicides.

 

Jusqu'à aujourd'hui, le préfet est défaillant. Des forces de l'ordre refusent d'aller dans certains endroits, apprend-on. On tue des gens en pleine rue sans cagoule, on cambriole la gendarmerie de Matoury. A quel moment, la préfecture va réagir ?”, s'époumone la gagnante du premier tour des dernières législatives.

Que propose Trop'Violans ? De s'asseoir. “Avec ceux qui sont sur le terrain dont les propositions ne sont pas écoutées. Des mesures ont été prises en septembre après l'assassinat d'un entrepreneur mais on ne s'y tient pas. Nous ne demandons rien de nouveau. Des promesses sont écrites après les meurtres et nos marches, mais rien ne se concrétise”, regrette Yvane Goua.

"Il y a un problème à la tête de ce pays"

Dans son collimateur : les accords de Guyane de 2017.

En 2023, nous n'avons toujours pas de cité judiciaire. Nous n'avons toujours pas une réglementation, une loi qui permet le retour des délinquants étrangers dans leur pays”, s'étonne la militante.

Autre cible de Trop'Violans, l'exécutif guyanais, bien que la compétence sécurité s'arrête au Sdis (Service départemental d'incendie et de secours) : “Il y a un problème à la tête de ce pays. Elle oublie l'impérieuse nécessité de travailler ensemble à cause d'un problème de personnes. On a demandé au président de la CTG de réactiver les comités de suivis, en vigueur jusqu'en 2020. Il nous a pondu les assises de la sécurité en septembre 2022. Où sont les moyens, les mesures de ces assises ? Cela suffit. On leur dit : travailler avec nous. Nous avons des mesures concrètes : mise en œuvre des accords de Guyane, des comités de suivis.”

Un concret qui apparaît bien maigre au regard de la violence que doit affronter Balata ou Cogneau-Lamirande qui compte 6 morts depuis le début de l'année. “Pourquoi ont-ils arrêté ces comités ? Parce qu'on était venu à dire ce qu'ils devraient faire, où ils devaient aller faire des présences de nuit. Il n'y a pas de patrouilles de nuit à part la Bac qui n'a pas de moyens énormes”, dénonce l'association.

Un plan additionnel de 2 milliards d'euros jamais appliqué

Elle a écrit une lettre ouverte à Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer où elle reprend ses revendications. Elle estime le plan d'urgence des accords de 2017 respecté à 70% mais le plan additionnel a été oublié avec seulement 5% de réaliser.

Autre soucis le manque de moyens alloués à la médiation sociale dans les quartiers populaires. Une activité dévolue souvent au milieu associatif. “La préfecture subventionne ces actions mais elle a dit qu'en 2022, elle ne soutiendrait pas les dossiers soumis par Trop'Violans. Pourtant, nous faisons de la prévention aux abords des établissements scolaires, de la veille sociale, de la sensibilisation à la délinquance”, fustige celle qui a fait de l'insécurité “notre thème”.

De manière plus prégnante, l'association dénonce “la banalisation” de cette délinquance. “47 homicides l'an dernier, un par semaine en 2023 et on entend dire ce n'est pas de la délinquance mais des règlements de compte, c'est lié à la drogue. Je tiens à prévenir les élus, les chefs d'entreprise : N'attendez pas que cette délinquance frappe à votre porte pour agir”, conclut Yvane Goua.

 

Le petit groupe de Trop'Violans semblait esseulé au milieu de cette place vide, loin de la foule de 2017 et de l'engouement de la population qui s'était levée contre l'insécurité, il y a déjà six ans... qui paraissent une éternité, ce mercredi.