Cette étrange maladie qui décime les oursins noirs dans les Caraïbes

Cette étrange maladie qui décime les oursins noirs dans les Caraïbes

AFP (avec rédaction web)
Les oursins diadèmes, connus comme les oursins noirs, sont victimes d'une étrange maladie.
Les oursins diadèmes, connus comme les oursins noirs, sont victimes d'une étrange maladie. • AFP

La communauté scientifique est inquiète depuis près de trois mois. Les oursins diadèmes, qui jouent un rôle dans l'équilibre des récifs coralliens, sont victimes d'une maladie mortelle et non-identifiée. 

Les « hérissons des mers », comme ils sont parfois appelés, sont-ils en danger dans les Caraïbes ? C'est ce qu'ont l'air de penser des scientifiques en Guadeloupe. « Depuis deux à trois mois, on constate une mort rapide et massive des populations d'oursins diadèmes », indique Malika René-Trouillefou, biologiste à l'université des Antilles (lire aussi cet article de France-Antilles du 16 mai dernier).

L'épizootie (maladie frappant une espèce animale ou un groupe d'espèces dans une région plus ou moins vaste) qui les affecte concernerait l'ensemble des eaux des îles de la Caraïbe. 

Après avoir sonné l'alerte avec d'autres partenaires tels que l'Etat ou l'Iftemer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer), le laboratoire de l'unité Biologie des organismes et écosystèmes aquatiques (Borea) de l'université,s 'apprête à lancer une « campagne d'échantillonnage » pour tenter d'identifier le mal qui touche ces animaux marins. Car, jusqu'ici, personne n'a pu observer des signes précurseurs de cette épizootie. 
 

 

Des régulateurs marins

Les adeptes de la chasse sous-marine, appelés à la rescousse pour participer au relevé de situation en partageant toute information utile via un site Internet dédié, confirment la soudaineté de cette vague de décès.

« Ça a commencé sur le site de Fery, vers Deshaies (au nord de la Basse-Terre) avant de descendre vers la Côte Sous-le-Vent », raconte Elise Germain, plongeuse et salariée du club Anse Caraïbe Plongée. Selon elle, « l'hécatombe a été fulgurante. En une semaine, on a vu les oursins passer de leur état normal à l'état de cadavre avec leurs épines autour, répandues sur le sol ».

D'après les remontées de données, tous les sites ne sont pas concernés en Guadeloupe. Pour autant, la maladie préoccupe sérieusement la communauté scientifique. 

Non convoités par les pêcheurs, « les oursins ont une part importante dans l'équilibre des récifs coralliens », observe Malika René-Trouillefou, selon qui ces herbivores « participent à la régulation de la prolifération des algues marine s», à l'instar des poissons-chats et des poissons-perroquets qui, eux, sont menacés par la pêche.
 

 

Des récifs en mauvais état

Selon plusieurs études, les récifs des Antilles sont globalement en mauvais état. « On estime qu'il reste 20 à 30% de coraux vivants dans nos régions », indique Malika René-Trouillefou. En cause? Le réchauffement climatique. Ce dernier fait monter la température de l'eau et l'acidification des océans, ce qui engendre un phénomène de blanchiment.

En Guadeloupe, l'assainissement des eaux usées est également pointé du doigt. D'après le dernier rapport de l'Office de l'eau, seules 5 des 17 stations d'épuration et d'assainissement collectif respectaient les normes imposées par l'Etat. Selon certains scientifiques, « les normes de rejet en matière de nitrates et de phosphates, décidées notamment par l'Union européenne, ne sont pas adaptées à nos eaux car les seuils sont trop hauts », comme l'indique Malika René-Trouillefou.

 Ce constat nourrit une part des craintes de la communauté scientifique quant au mal qui frappe ces oursins de couleur noire aux pics longs et fragiles. Dans les années 1980, une vague de mortalité similaire avait frappé les colonies d'oursins diadèmes (93?% de mortalité) avant de disparaître petit à petit. Une campagne de prélèvements devrait être lancée prochainement pour tenter de déterminer les causes de cette vague de mortalité.

En 2020 déjà, le Parc national de la Guadeloupe avait alerté sur la présence d'une autre maladie, probablement d'origine bactérienne. Détectée en Floride en 2014, elle avait frappé les coraux. Depuis, les services de l'Etat recommandent à tous les clubs de plongée de ne pas toucher les coraux et de décontaminer les matériels, cette maladie se propageant notamment par le contact.

 

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