Davy Rimane : Violences et " bordélisation " disent-ils !

Davy Rimane, député de la République publie une tribune au vitriol contre le traitement médiatique des débats à l'Assemblée Nationale.
Je suis assez étonné, et pas positivement, de l'emploi de verbatims dans les sphères politiques et médiatiques pour soi-disant dénoncer ce qui se passe au sein de l'hémicycle depuis le début de cette XVIe législature.
" Il y a le bordel à l'assemblée ", " Ce que nous voyons à l'assemblée n'est pas digne ", " C'est en voyant ces comportements que les Français se détournent de la Politique " …
Ce ne sont que quelques exemples parmi tant d'autres du même acabit, mais à en croire certaines et certains, ces situations seraient inédites au sein du Parlement français.
C'est faux et nous le savons : il y a déjà eu des moments bien plus houleux, lors desquels certains ont été à deux doigts d'en venir aux mains.
Alors, quelle est la finalité de véhiculer ce type de contre-vérités facilement vérifiables ? À croire que certains prendraient les Françaises et les Français pour des lapins de quatre semaines, pas encore tout à fait sevrés, pas encore tout à fait lucides, pas encore tout à fait terminés. Totalement grotesque.
Nous sommes encore et encore dans de la manipulation politico-médiatique, et il est tellement plus facile de vitupérer contre celles et ceux qui se situent dans l'opposition au pouvoir en place, avec pour seul dessein de les décrédibiliser.
"Cet épuisement qui vous susurre à l'oreille de fermer les yeux"
La violence et le bordel font partie du quotidien de ces femmes, ces hommes, ces familles qui réfléchissent chaque jour à la manière dont ils vont pouvoir aborder le jour d'après.
La violence de la société est telle qu'elle finit par rentrer dans les foyers, foyers qui en temps normal devraient symboliser le lieu de paix, de douceur, de chaleur, pour ces familles.
Et pourtant, imaginez le regard brillant d'humidité d'une mère ou d'un père au bout du rouleau, posé sur leurs enfants, à se demander s'ils auront bien un repas sur la table ce soir, à se demander de quoi sera fait le lendemain, et surtout à se demander s'ils auront la force de continuer, car l'épuisement les gagne.
Cet épuisement qui vous susurre à l'oreille de fermer les yeux et, pourquoi pas, de ne plus les ouvrir. Le désespoir grandit, s'infiltre partout, mêlé à la peur, cette peur froide, glaciale qui vous fait trembler et vous empêche de réfléchir, vous empêche de prendre les décisions avec tout la lucidité nécessaire. Tout cela parce que vous avez froid, vous avez faim, vous dormez dans une voiture, vous dormez sous un pont, vous dormez dans la rue, en ayant le ciel pour seul toit.
"On les laisse crever dans une indifférence meurtrière"
Alors non, les gens ne se détournent de la Politique parce que le comportement de certains élus ne serait pas approprié, mais bien parce qu'on les a abandonnés, parce qu'ils sont devenus invisibles, inaudibles, parce qu'on les laisse crever dans une indifférence meurtrière.
Moi également j'ai le regard brillant d'humidité en écrivant ces lignes, car j'ai le cœur serré, j'ai de la colère, de la frustration, j'aurai tant souhaité faire plus, mais je vois les limites de l'exercice.
On se pose beaucoup de questions : comment faire ? à quoi sert-on finalement ? quelles solutions face à ces adversités ?

Je le dis, le pouvoir est hypocrite, démagogique et surtout corrompu.
Je ne dis pas merci à certains médias de grande écoute qui sont les artisans de cette situation infernale, destructrice de vies, et qui tend à faciliter la normalisation de propos et de comportements racistes.
Je ne dis pas merci à cette classe politique, au pouvoir depuis des décennies, qui ne fait que ravager notre société, ravages aux conséquences multiples, et mortifères.
Je remercie celles et ceux qui luttent au quotidien malgré tout, celles et ceux qui malgré leur grande fragilité vous tendent la main pour vous donner un peu de leur force. Leur regard est quant à lui rempli de dignité, d'espoir, d'empathie, d'amour, et il adoucit en cela la véhémence, la brutalité, la cruauté contre lesquelles il convient, pour nous aussi, de continuer à lutter.
Le député Davy Rimane (GDR) lance au camp présidentiel: "Vous êtes une bande d'hypocrites ! " pic.twitter.com/Nd5ONgBqrf
— Souared (@Alainklain2) February 9, 2023