Soignants non-vaccinés, une réintégration probable : qu'en disent les concernés ?
Santé

Soignants non-vaccinés, une réintégration probable : qu'en disent les concernés ?

Jade Letard-Methon (j.letard-methon@agmedias.fr)
Les personels de santé en grève.
Les personels de santé en grève. • FRANCE-GUYANE

Une possible réintégration des personnesls de santé non-vaccinés ? C'est en tout cas ce qu'a affirmé le chef de l'État dans une interview accordé à la presse quotidienne régionale de France. Rien n'est encore décidé et les conditions de cette réintégration ne semblent pas encore toutes énoncées. Qu'en disent les soignants locaux concernés ? Et l'Agence Régionale de Santé ? 

"Il ne faut pas confondre lss difficultés des hôpitaux avec les suspensions des personnels de santé non-vaccinés". Si le ton est clair, le président Emmanuel Macron a tout de même évoqué la possible réintégration des personels de santé dans un futur à définir et selon quelques conditions.  Pour le chef de l'État, pas question de réintégrer des personnels de santé - "qui ont fait un choix en conscience, contestable sur le plan déontologique, de ne pas protégeer les autres" - sans l'aval des autorités sanitaires et scientifiques qui devront attester qu'une telle mesure ne relancera pas l'épidémie. 

Nous avons donc demandé aux professionels de santé qui n'ont pas voulu se faire vacciner, notamment pour avoir le choix quant aux vaccins proposés ou pour prendre du recul, leurs réactions après ces déclarations. L'Agence Régionale de Santé de Guyane nous a également énoncé son positionnement.
Mylène Mathieu, présidente de l'URPS des infirmiers libéraux
"J’accueille cette nouvelle avec prudence. Je ne sais pas si elle est liée aux élections législatives qui vont avoir lieu et au fait de donner un espoir à ces professionnels-là, montrer qu’il y a enfin une écoute. Moi, je ne peux être que comme saint Thomas et attendre de voir pour croire parce que nous avons eu un chef d’État qui a tenu une position et quelques moi après, une autre.
Lorsque la vaccination a été disponible, il a bien dit qu’il ne la rendrait jamais obligatoire et, par la suite, ça a été tout à fait le contraire. Je ne sais plus si je peux me fier totalement à ces positions pour le moins versatiles.

En tout état de cause, il serait bien de reprendre ces personnels parce qu’il s’agit d’une injustice : le fait de couper ces personnels de tout moyen de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Lorsque l’on voit aujourd’hui’hui, l’état sanitaire, en ce qui concerne la crise Covid, on peut se demander s’il y a lieu de maintenir un certain nombre de dispositions qui ont été prises quand la pandémie était au plus haut.

Il met le bémol sur ce que les scientifiques diront mais est-ce que les scientifiques ont vraiment voix au chapitre ? Il y a eu pléthore de scientifiques qui ont voulu alerter sur un certain nombre de choses, sur un certain nombre d’adaptations et ils n’ont pas été écoutés
."
Delana Alexander, infirmière libérale
"Ça arrive bien tard tout ça. Quelles sont les conditions ? Parce qu’il le dit depuis la fin de l’année que c’était une éventualité dans le cas où les taux de contamination seraient au plus bas. En Guyane, il faut les chercher les cas positifs : il faut les chercher à la loupe !
Quelles sont les conditions de réintégration des soignants vaccinés ? Parce qu’on nous dise que tous les soignants qui ont été suspendus, on les réintègre mais on leur demande de prendre au moins une dose ou quelque chose dans ce style, je ne vois pas ce que ça va changer au schmilblick. C’est quoi les conditions pour que l’on soit réintégrés ?

Notre réintégration va se faire avec quelles conditions au sujet des salaires perdus ? Sa déclaration n’est pas assez précise pour moi, on sent que c’est du conditionnel : je suis Saint-Thomas, il faudrait que je vois pour croire. Je suis suspendue depuis mars, je n’ai pas de salaires. Qui va compenser les loyers et les factures impayées depuis 3 mois ?

Aujourd’hui, on décide de nous réintégrer, pourquoi cela n’a pas été fait il y a quelques mois ? La situation (sanitaire, NDLR) aujourd’hui’hui, est la même qu’il y a quatre mois. Qu’est-ce qui justifie nos suspensions ? J’attends de voir à quelles conditions puisque c’est toujours soumis à conditions.

Ce qui serait acceptable, ce serait que l’on soit effectivement réintégrés, que l’on nous rembourse et en plus, qu’on nous fasse des excuses parce qu’on a été traités comme des chiens, on n’a pas été traités comme des êtres humains. Je pense même à des indemnités parce que la vie de certains a été chamoiulée, ils ont dû trouver des solutions de dernière minute. Les excuses, c’est parce qu’il y a eu de la manipulation : scientifiquement, il n’y a rien qui prouve que notre suspension était justifiée et de ce fait, il n’y a rien qui justifie une réintégration ; on n’est pas dans la cohérence
."
Agence Régionale de Santé de la Guyane

Selon l’ARS Guyane, la loi qui instaure l’obligation vaccinale en date du 5 août 2021 prévoit (article 12) : « Un décret, pris après avis de la Haute Autorité de Santé, peut, compte tenu de l'évolution de la situation épidémiologique et des connaissances médicales et scientifiques, suspendre, pour tout ou partie des catégories de personnes mentionnées au I, l'obligation prévue au même I. »

L’ARS indique être « toujours dans le cadre de cette loi ». Comprenez donc que « la vaccination anti-Covid est obligatoire pour les professionnels concernés ». De plus, cette obligation peut « être suspendue après avis de la HAS ».

« Nous suivrons donc les recommandations scientifiques et les textes réglementaires pris suite à ces recommandations, comme nous l’avons fait tout au long de cette épidémie. »