Justice : “La Guyane est prise dans une tenaille”
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Justice : “La Guyane est prise dans une tenaille”

Propos recueillis par Gérôme GUITTEAU, g.guitteau@agmedias.fr
Joël Sollier lors d’une audience de la cour d’appel à Cayenne en 2022. Le procureur général est entré dans la magistrature en 1992 puis il a été détaché au ministère des affaires étrangères au Vietnam, à l’Onu et à Interpol puis retour à la magistrature à la cour d’appel de Lyon en tant qu’avocat général jusqu’en 2021. - © GT

 
Joël Sollier lors d’une audience de la cour d’appel à Cayenne en 2022. Le procureur général est entré dans la magistrature en 1992 puis il a été détaché au ministère des affaires étrangères au Vietnam, à l’Onu et à Interpol puis retour à la magistrature à la cour d’appel de Lyon en tant qu’avocat général jusqu’en 2021. - © GT  

La justice reprend son cours normal en ce début d'année. Les renforts arrivent auprès des tribunaux. L'occasion d'échanger avec le procureur général, Joël Sollier qui explique dans le détail les différents dossiers qu'il a à traiter en 2023 : politique internationale, lutte contre l'orpaillage, la délinquance organisée et mise en place concrète du pôle environnement.

Quelles sont vos résolutions pour 2023 ?

Je souhaite maintenir l'action internationale avec le Suriname et le Brésil en régionalisant la question au plateau de la Guyane. Développer l'organisation judiciaire contre la criminalité organisée. Eriger le pôle environnement. Augmenter la présence de nos services dans le secteur économique et financier. Resserrer la chaîne de commandement afin que les décisions prises soient appliquées.

Resserrer la chaîne de commandement signifie que vos décisions ne sont pas suivies d'effet sur le terrain ?

C'est un phénomène qui existe dans toute la Guyane. On n'exécute partiellement les ordres. Je viens de Marseille, c'est pareil là-bas. On a un rapport distendu au sein de la chaîne de commandement. J'ai travaillé à l'ONU c'était pareil, alors qu'à Interpol, c'était l’exécution absolue...
Il faut développer en Guyane, une culture d’exécution. Ce n'est pas par manque de volonté mais on trouve mille et une raisons pour ne pas faire, dans un environnement il est vrai difficile.

Est-ce que cela concerne Harpie ? Lors de la dernière mission d'envergure, sur 900 carbets visités, 750 g. d'or ont été récupérés... C'est un chiffre ridicule qui peut délégitimer une opération entière, non ?

D'une manière générale sur l'orpaillage quand vous êtes à dire que votre action a porté parce qu'elle a limité le phénomène, c'est une excuse de mauvais élève. C'est à dire que ce que j'ai fait n'est pas déterminant mais c'est moins pire que si cela avait été pire. Il y a un problème d'efficacité de Harpie, et alors même que beaucoup d’efforts sont consentis. Et donc aujourd’hui on réfléchit fortement à la reconsidérer. Pour moi ce n'est pas un problème, cela ne me choque pas. Toute politique publique doit être réévaluée. Les administrations sont souvent réticentes à le...