Un début de bagarre entre un syndicaliste et le préfet sous fond de désespoir du monde agricole
Agriculture

Un début de bagarre entre un syndicaliste et le préfet sous fond de désespoir du monde agricole

Gérôme GUITTEAU, g.guitteau@agmedias.fr

En marge du village de la prévention organisé par la caisse générale de sécurité sociale à Cayenne, lors d'une réunion sur le monde agricole, touché par des suicides ces jours derniers, la tension a atteint une limite inquiétante quand un syndicaliste a voulu s'en prendre physiquement au préfet.

Dossiers d'attribution foncière refusés pour des motifs douteux, plan de résilience qui prend du retard, coûts supplémentaires non compensés, conditions de vie précaires, pistes forestières non entretenues, lenteurs administratives, baux emphytéotiques de 30 ans non reconduits ... la liste des griefs du monde agricole est longue et non exhaustive.

Alors, quand les représentants des agriculteurs rencontrent l’aréopage des services étatiques dans la village de la Prévention installé par la Caisse générale de Sécurité sociale, la tension est palpable d'après les deux témoignages recueillis.

« Quand on annonce aux agriculteurs que le paiement lié au plan de résilience est retardé de deux mois puis que la CGSS organise une réunion « seulement » le mois prochain, alors que nous sommes dans l'urgence. Les banques nous mettent une vraie pression. On a des agio, des intérêts à rembourser. Un mois, c'est le bout du monde pour nous », constate un syndicaliste.

Et face à ce rendez-vous trop lointain, un des agriculteurs présents explose. Il s'agit de Brice Epailly, ingénieur agronome et fils de Christian Epailly, président de la Safer.

Une table est littéralement propulsée dans les airs.

Là, les deux témoignages divergent. L'un raconte qu'à ce moment le préfet, Thierry Queffélec, intervient et demande directement à la personne de se calmer. Celle-ci se dirige vers le représentant de l’État « pour en venir aux mains, c'était évident mais des collègues à lui l'ont arrêté ». L'autre témoignage a vu une bousculade et « le préfet ne comptait pas se laisser faire ». Les deux protagonistes sont rapidement séparés d'après cette seconde source.

Brice Epailly nous a répondu et n'avait « aucun commentaire à faire ». Quant au préfet, il n'a « aucune communication pour l'instant » quant à cet incident.

Un plan Marshall made in Guyane
 
« Il y a des rencontres avec l'administration qui sont stressantes, anxieuses. Tout ce-ci peut créer de l'émotion mais il y de véritables besoins. L'émotion est génératrice de désordre, d'absence de méthodes. Une rencontre aura lieu en décembre. On a comme volonté le pragmatisme qui consiste à répondre aux problèmes des agriculteurs. La souveraineté commence par eux, qui nourrissent les gens », a-t-il déclaré au micro de Radio Peyi.

Le député Jean-Victor Castor, dans une entrevue à paraître très prochainement apporte son soutien au monde agricole. Il était présent lors d'une réunion avec le préfet au sujet de baux emphytéotiques non reconduits. « Là, le préfet s'est montré surpris par ces dossiers. Il s'est tourné vers son sous-préfet. L’État est en échec total sur cette question foncière comme il est dans sa lutte contre la délinquance ou l'accès à la santé. Il faut qu'il le reconnaisse et qu'il change sa méthode », fustige l'élu.

« Pourtant, la loi est claire sur le sujet. Au bout de dix ans on peut demander un titre de propriété si on a mis en valeur le terrain puis au bout de trente ans, on doit faire une démarche pour renouveler le bail. Mais, nous, notre priorité c'est de produire et non de s'occuper de l’administration qui est toujours une source de problème et jamais de facilitation », se plaint Jean-Yves Tarcy, numéro deux de la chambre d'agriculture.

« Défricher des hectares de forêt, la rendre cultivable, construire des canaux et des pistes pour y accéder, tout cela en dormant dans des conteneurs en pensant à nos dettes et nos prêts, pour un salaire indécent, voilà la réalité de notre métier », décrit Jean-Yves Tarcy.

Un plan Marshall made in Guyane est demandé par la profession... bien plus qu'une simple réunion de décembre et une amélioration des relations avec l'administration.

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