Aérodrome fermé et accident de pirogue : le transport vers le Maroni toujours plus compliqué

Vendredi dernier, lors de son atterrissage sur la piste provisoire en latérite de Maripasoula, un avion d'Air Guyane est légèrement sorti de la piste. Depuis, l'aérodrome est fermé. Parallèlement, une pirogue transportant notamment le principal du collège de Papaïchton a subi un incident. Par manque d'options et de sécurité, la question du transport vers les communes de l'intérieur reste donc au cœur de l'actualité.
Les problèmes du mois d'octobre n'auront pas suffi. Après 28 jours de grèves et de blocage sur le Maroni entre le 5 octobre et le 2 novembre, les dessertes aériennes sont à nouveau stoppées. Pour cause, il faut rappeler que l'aérodrome était au centre des revendications du collectif des habitants de Maripasoula.
Le conflit prenait une fin provisoire début novembre grâce au passage de 21 à 28 rotations aériennes hebdomadaires entre l'île de Cayenne et la plus grande commune de France. Un surcoût financier pris, par ailleurs, entièrement à la charge de la Collectivité territoriale de Guyane (CTG). Dans l'accord, un quatrième avion a également été promis. Sa mise en service était jusqu'à présent prévue pour mi-novembre sous réserve de l'avis de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC).
Mais voilà que les rotations aériennes sont à nouveau suspendues depuis le vendredi 4 novembre. En cause, l'incident à l'atterrissage d'un avion d'Air Guyane sur la piste provisoire en latérite. "On demande à la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) et la CTG d'apporter une réponse rapidement", réagit Jonathan Abienso, du collectif des habitants. "On voit que l'enclavement pose encore un problème, nous sommes à nouveau pénalisés."
Si les avions se posent sur une piste en latérite, c'est parce que des travaux de remise aux normes sont en cours sur celle en béton. Zadkiel Saint-Orice, délégué aux infrastructures routières et aérodromes à la CTG explique à ce sujet : "À terme, l'ATR42 (avion de transport pouvant transporter plus de 50 passagers, ndlr) pourra s'y poser. Ceci étant dit, même avec une piste aux normes, il ne pourra pas être présent en Guyane de façon permanente. Pour fonctionner sur le long terme, ce type d'engins doit voler un certain nombre d'heures... or, le trafic existant entre Cayenne et Maripasoula n'est pas assez important. Il faut faire évoluer cet aérodrome et les conditions dans lesquelles on reçoit les passagers, qui, aujourd'hui, ne sont pas acceptables."
Les rotations aériennes ne sont pas l'unique problème. On l'a remarqué encore une fois ce samedi 5 novembre avec l'incident de la pirogue qui transportait notamment le principal du collège de Papaïchton. L'embarcation s'est échouée sur des rochers au niveau du Saut Man Kaba, puis s'est remplie d'eau. Les effets personnels et bagages des passagers ont été emportés par le fleuve.
La pirogue retournait dans la capitale du pays Boni pour assurer la rentrée. Les passagers étaient, par ailleurs, contraints d'emprunter la voie fluviale depuis Grand-Santi... aérodrome de Maripasoula fermé oblige. Forcément, la question de la sécurité du transport scolaire fluvial se pose à nouveau. C'est en partie pour cela que de nombreuses absences d'enseignants sont à signaler en ce jour de rentrée scolaire. Par exemple, selon le collectif des habitants de Maripasoula, seuls quatre professeurs étaient présents ce matin à l'école élémentaire Alexis Jonas de Maripasoula. Un prof de la commune rapporte de son côté des absences au groupe scolaire Tobie Balla (3 enseignants sur 12) ainsi qu'à l'école primaire Robert Vignon (Au moins sept absences).
Le Rectorat doit encore revenir vers nous pour dresser un état des lieux des enseignants manquants. En ce qui concerne la réouverture de l'aérodrome, le directeur d'Air Guyane, Christian Marchand, indique simplement : "C'est la DGAC qui décidera de la réouverture ou non de cette piste provisoire. Pour Air Guyane, la piste en question n'est pas utilisable en toute sécurité après une averse."