Cet événement découle d’un projet de partenariat, qui a débuté il y a plus de deux ans, entre les élèves du club de science du collège Just Hyasine et l’Institut Pasteur.
Tel un speed-dating de cinq jours, chaque classe, de la 6ème à la 3ème, recevait dès la première heure son planning matinal et partait à la rencontre de professionnels ou de personnalités locales. Les intervenants disposaient de 30 min pour se révéler au travers de leurs expériences et ainsi susciter des vocations chez les élèves.
« 30 minutes c’est parfait ! Pas une minute de plus ! » confirme Yanouk Epelboin, chercheur à l’Institut Pasteur. « C’était l’occasion pour les élèves de poser directement aux professionnels du domaine des question qu’ils se posent au quotidien » ajoute-t-il.
Joël Bellay, Agent administratif et technique du SDIS et ancien sapeur-pompier volontaire, se réjouit de cette initiative. « On se déplace afin de sensibiliser les jeunes sur notre métier et notre parcours. Ils se sentent plus concernés et s’intéressent plus facilement à ce qu’ils voient. »
Samuel Childeric, membre de l’association Musique pour tous Guyane, a trouvé les élèves enjoués, impliqués et à l’écoute. « Ils posaient des questions pertinentes et semblaient très contents de notre intervention. »
Hénia, élève de la 6ème D confirme : « C’était très intéressant. Ça change des cours en salle. »
Pour Levi Colombine, Chanteur du groupe Authentic Voice : « l’ambiance était très chaleureuse, c’était très vivant. Les élèves ont réagi et ont bien joué le jeu. À leur âge, j’aurais bien aimé qu’il y ait des artistes qui viennent nous montrer qu’on peut faire des choses. Cette interaction m’a fait du bien ! »
Yanouk Epelboin, de l’Institut Pasteur, commente : « de nombreuses questions pertinentes ont été posées; notamment la longueur des études, la possibilité de gagner de l’argent en faisant de longues études : c’est une question qui est souvent revenue ! »
Léonce Batista, artisan vannier du village Norino, a été surprise par une question à laquelle elle ne s’attendait pas. « Un élève m’a demandé si mes produits étaient garantis » nous confie-t-elle avec le sourire. Pour elle cette initiative est très intéressante « car dans notre culture et notre art traditionnel c’est important de montrer notre savoir-faire aux jeunes ».
Thaila de la 6ème F qui a assisté à cet atelier vannerie a aimé ce partage de connaissance : « j’ai trouvé que c’était une bonne expérience. J’étais concentrée et je n’ai pas eu peur de casser la tige. J’avais déjà fait un panier l’année dernière et ça m’a fait plaisir de recommencer. »
Dans certains groupes, les élèves ont également eu l’opportunité, durant quelques minutes, de se glisser dans la peau d’un animateur radio en direct de la Wesh Radio, d’un danseur de hip-hop sous la coupe de Reggan Remy, d’un apiculteur avec Nicolas Hibon, ou encore d’un animateur d’événements avec Bruno Jonel ; pour ne citer qu’eux.
« Je suis déjà intervenu dans beaucoup d’établissements auparavant pour parler de mon expérience. En revanche, choisir des élèves dans la foule et les coacher en tant qu’animateur, c’est la première ! Ce fut très agréable et je le referai de façon améliorée » nous confie ce dernier.
En plus de partager leurs expériences, les intervenants sont venus avec un objectif commun : les conseiller et les faire rêver.
Fanny J, Bernard Lama, Moïse Dauphin, les membres de la gendarmerie, de l’armée, du SDIS, Bruno Jonel, Émilie Sébéloué et d’autres, n’ont pas hésité à se dévoiler et à partager leur quotidien.
Quelques intervenants nous ont partagé leur ressenti :
• « Notre but, c’est d’échanger, d’interagir, d’écouter et de répondre à leur question. En voyant les professionnels directement au sein de leur établissement, ils se sentent plus à l’aise. Ils n’iront pas d’eux même visiter une caserne alors qu’ils voient et entendent les pompiers tous les jours », Joël Bellay, du SDIS.
• « Ce fut un moment très riche ! Quand j’étais plus jeune, j’aurai aimé avoir quelqu’un qui partage ces moments avec moi, car on m’a appris des choses que je retransmets aujourd’hui aux jeunes. », Junior Fede, Pianiste du groupe « Authentic Voice ».
• « C’est important de leur expliquer et de montrer une voie qui peut les intéresser. Ils ont besoin de repères », Levi Colombine, Chanteur du groupe « Authentic Voice ».
• « Partager avec eux sur mon parcours, les conseiller, c’est comme mettre une pierre à leur édifice. C’est bien de se sentir important pour pouvoir aider les jeunes qui prennent parfois le mauvais chemin » Samuel Childeric, membre de l’association Musique pour tous Guyane.
• « Je rêvais d’être animateur depuis la 6ème et j’avais toujours hâte de rencontrer des gens du milieu pour pouvoir échanger et voir si c’était vraiment ce que je voulais faire. Ce type de moment, intimiste, rencontrer des jeunes pour parler de nous et de notre expérience, cela peut susciter des vocations. » Bruno Jonel, animateur.
• « On a des jeunes qui rêvent comme moi j’ai rêvé. Mon objectif est de les conscientiser, de leur faire comprendre que les choses dépendent d’eux. Dans un monde très compétitif, si on ne se prépare pas on sera vite mis de côté », Bernard Lama, ancien joueur professionnel de football.
• « Cet événement nous permet de pousser les élèves à aller plus loin après le Bac. Cela les éclaire sur certains points, par rapport aux études, aux aides. Ça a fait écho dans la tête de certains, par rap- port au salaire. Cela leur permet d’avoir une idée de leur parcours », Rachel Ajenoe, chercheur de l’Institut Pasteur.
Cette semaine des parcours et talents a été aussi l’occasion pour les élèves de découvrir l’éventail des activités professionnelles en Guyane.
Jean-Philippe Lemond, responsable du service commercial de Soprodig Industrie, et Thierry Mayen commercial, ont très vite constaté que « les élèves ne savaient pas que nous fabriquions du papier hygiénique en Guyane. En revanche, ils connaissent tous nos marques. Ils étaient contents et fiers de savoir qu’il y a une industrie qui fabrique du papier hygiénique et du papier essuie-tout en Guyane. En plus de leur faire découvrir nos produits locaux, il s’agissait également pour nous de les sensibiliser sur l’impact d’acheter une marque locale ».
Pour d’autres élèves, c’était le moment de dévoiler leurs talents. Ainsi, chanteurs, danseuses, humoristes, musiciens, dessinateur de manga, animateurs, et bien d’autres se sont succédés dans les classes.
Quelques volontaires, coachés par Bruno Jonel, ont mis le pied à l’étrier devant l’ensemble de leurs camarades et personnels de l’établissement. Micro en main, ils ont animé, chauffé et interagi avec le public pour annoncer, comme des professionnels, des artistes en herbe.
Parmi ces artistes, Herbert élève de la 5ème E, a interprété une chanson qu’il a lui-même composée avant de recevoir les précieux conseils du chanteur Lévi Colombine sur sa prestation.
Après « rêver », le deuxième mot star de cet événement était « travailler ».
En effet, tous les intervenants n’ont cessé d’insister auprès des élèves que le travail est primordial. « Être un bon sportif, c’est être un bon écolier. Cela va de pair ! Il ne faut pas que du talent, il faut aussi le travail » a souligné Bernard Lama.
Il définit le talent comme étant une « prédisposition pour une activité sportive, un art. S’il n’y a pas de travail associé, ce talent ne se développe pas. L’idée est leur faire prendre conscience que quel que soit ce qu’ils veulent faire, il faut travailler à l’école. »
Junior Fédé confie aux élèves que « sans la discipline ce n’est pas possible de percer dans la musique ».
Et ajoute qu’il « impulse les jeunes vers la voie musicale tout en leur conseillant de ne pas lâcher les études, parce que c’est vraiment important de continuer dans les deux domaines. Nous qui sommes tous là nous avons tous eu besoin de travailler, d’obtenir des diplômes, d’aller à l’université. »
Force est de constater que cette semaine des parcours et talents a, en plus d’avoir suscité des vocations, laissé une trace dans l’esprit de ces jeunes collégiens qui rejaillira probablement dès lors qu’ils se poseront la question fatidique de leur avenir « que vais-je faire plus tard ? ».
À la suite de ces rencontres multiples et variées, les élèves ont sans doute compris deux points essentiels : que le rêve est illimité et que pour qu’il devienne réalité, il faut le jumeler à l’action, au travail et à la discipline.
« Dans la foule, il y a peut-être deux ou trois qui vont écouter. Ils vont retenir une phrase ou un mot. Il faut tout de même planter pour voir pousser et récolter par la suite » confie Joël Bellay. C’est également le souhait de Samuel Childeric qui « espère avoir touché le cœur d’au moins un enfant. »
Ce type de moment intimiste, ces rencontres avec les jeunes pour parler de leur quotidien professionnel, de leur passion et de leurs talents, a été pleinement vécu et partagé par les intervenants.
Pour Bernard Lama « il est important de leur rappeler, tout au long de leur parcours et pas seulement au collège, que quel que soit ce qu’ils veulent faire il faut travailler à l’école, qu’ils sont capables d’y arriver et de se mettre en confiance. »
















