Collèges attaqués: « A Saint-Laurent, il y a un vrai problème de société »

Deux semaines après les tentatives d'incendie de deux collèges de la ville, Gabriel Serville s'est rendu deux jours à l'ouest, à la rencontre des partenaires sociaux. Pas de grandes annonces, mais un président de la CTG qui assure avoir conscience des enjeux.
Accompagné entre autres d'Annie Robinson-Chocho, élue à l'éducation, et de Jean-Paul Feirera, 1er vice-président de la CTG, le président de la collectivité territoriale est venu à l'ouest en pompier, face au ral le bol des enseignants et des parents d'élèves, confrontés au quotidien à l'insécurité. Des citoyens échauffés non seulement par l'incendie du collège Arsène Bouyer d’Angoma, mais aussi par les deux semaines écoulées avant l'arrivée d'une délégation.
Alors face aux divers représentants, Gabriel Serville déroule son discours, multiple les signes qu'il a pris la mesure des enjeux. « Ces deux jours de visite n'ont fait que conforter ce que je pensais déjà : il y a un vrai souci, un vrai problème » à Saint-Laurent, la ville n'a « pas été correctement traitée par le passé », confie encore l'homme fort de la CTG à France-Guyane.
Comme lors des réunions précédentes, l'élu souligne sa convergence d'analyse avec les saint-laurentais. Oui, l'éducation nationale subit « les conséquence de problèmes » qui touchent à toute la vie de la capitale de l'Ouest. Absence d'activités disponibles dans les quartiers, fort taux de pauvreté, logements insuffisants, développement des gangs, explosion démographique qui ne fait pas mine de ralentir... Les problématiques, nombreuses, sont certes connues des habitants, mais ceux rencontrés semblent majoritairement satisfaits d'entendre un élu enfin en reconnaître l'aspect systémique et interconnecté.
« Ça fait fes années qu'on attendait la venue de la CTG, je suis confiante pour la suite après cette réunion », commente Mme Ronaul, mère d'une collégienne. « J'ai l'impression que CTG a enfin pris en compte les problèmes au sein de nos établissements scolaires » renchérit sa consœur Sherley Deralus. Une écoute saluée également par plusieurs chefs d'établissements scolaires de la ville.

Pas question en revanche de donner blanc-seing aux autorités. Au sein de l'établissement victime d'un incendie « la confiance n'est pas rétablie », rappelle Sarah Cosson, enseignante au collège V et syndicaliste Sud, comme en témoignent les 19 droits de retrait à nouveau exercés aujourd'hui.
Les premières mesures mises en place par la CTG pour le collège - priorité donnée aux travaux du parking et de la clôture, un rendez-vous avec le chargé des travaux, présence d'un gardien « jusqu'à nouvel ordre » - sont « un pas », convient la militante mais les enseignants et parents d'élèves attendent bien plus.
Eux souhaitent que tous les collèges aient un gardiennage pérenne - la collectivité avance l'argument du coût engendré - et surtout que l'ensemble des autorités s'emparent réellement des troubles profonds de la ville. « Au mois de décembre on nous a fait des promesses, [....] maintenant on attend des actes », insiste Sarah Cosson.
Et si « on a été plus sévère avec la CTG parce que sa part de responsabilité est plus visible », la collectivité n'est qu'un des maillons de la chaîne, souligne avec force la professeure. « Le rectorat a totalement brillé par son absence, il n'y même pas eu un communiqué officiel de soutien » s'indigne-t-elle.
Une responsabilité de l'Etat que retiennent également tant Gabriel Serville que Sophie Charles. Très consciente de l'importance du manque de foncier - pour les écoles comme pour les logements - dans sa ville, la maire de Saint-Laurent du Maroni s'interroge, quand donc vont enfin être données les terres promises par la France en 2017 ? « Il y a urgence ! J'espère ne pas attendre 2026, je ne serai peut-être plus là ! »