"Nous connaissons une rupture plus nette entre les catégories sociales"
ISABELLE HIDAIR-KRIVSKY, Anthropologue à l'Université de Guyane

"Nous connaissons une rupture plus nette entre les catégories sociales"

Gérôme GUITTEAU g.guitteau@agmedias.fr
Isabelle Hidair-Krivsky est directrice régionale aux Droits des Femmes.
Isabelle Hidair-Krivsky est directrice régionale aux Droits des Femmes. • DR

Cette année, on a vu une scission dans le carnaval entre les bals paré-masqué occupés par les adultes et les défilés de rue pris d'assaut par les jeunes. Réalisez-vous le même constat ?

Oui. C'est un changement en cours depuis plusieurs années. Il y a une multiplicité des bals pas forcément masqués où il faut payer sa place. Il y a donc une sélection à l'entrée qui exclut une partie de la population : les plus jeunes hors de la vie active et ceux qui ont des postes moins bien rémunérés. Le carnaval est un reflet de la société. On y voit donc une élite, une petite bourgeoisie, qui se constitue en Guyane depuis le début des années 2000. 

Avant, la bourgeoisie cayennaise n'était pas assez nombreuse pour s'extraire de la fête et faire un carnaval rien qu'à elle. Ce n'est plus le cas aujourd'hui.

Le carnaval de rue est populaire. Il nécessite peu de moyens pour s'amuser. Certains participants n'ont quasiment plus de déguisement. On peut voir quelques t-shirts rouge le mardi mais quasiment aucune diablesse le mercredi des Cendres.

Pendant ce temps, dans le carnaval de la bourgeoisie, on réserve sa table, les coins VIP fleurissent. Et une distinction se fait même à l'intérieur de ces soirées...