Un aurevoir humble et discret à Étienne-Yves Barrat
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Obsèques

Un aurevoir humble et discret à Étienne-Yves Barrat

Gérôme GUITTEAU ; g.guitteau@agmedias.fr

Le doyen des avocats de Guyane s'est éteint le 16 mai. Ses obsèques à la Cathédrale Saint-Sauveur se sont déroulées vendredi 20 mai vers 16 heures. Sa famille, ses amis et ses confrères avocats étaient présents pour un dernier hommage.

Le père Catherine entonne une prière et bénit la dépouille d’Étienne-Yves Barrat, vendredi 20 mai à la cathédrale Saint-Sauveur. © G. Guitteau

Étienne-Yves Barrat entre dans la cathédrale Saint-Sauveur accompagné par sa famille. © G. Guitteau

La chorale rythme de ses chants et récitations de psaumes la cérémonie. © G. Guitteau

Les avocat-e-s de Guyane sont venu-e-s rendre un dernier hommage à leur doyen, fondateur en 1972 avec Maître Guéril de l'ordre des avocats. Ils étaient huit à l'époque, 80 maintenant. Sur la photo, on aperçoit Christiane Taubira avec un haut bleu et tout à gauche à côté de maître Robeiri, Gabriel Serville, président de la Collectivité territoriale. © G. Guitteau

Maîtres Robert Robeiri,Tshefu et Guéril se remémorent leur ami, Étienne-Yves Barrat. © G. Guitteau

La cérémonie s'est déroulée vendredi après-midi devant les amis et les proches de M. Barrat, à Cayenne, à quelques pas de la maison familiale, sise en face de la cour d'appel. © G. Guitteau

Étienne-Yves Barrat, à droite de Pierre Désert, présent à la cérémonie a plaidé jusqu'en 2016, aux assises. © Photo d'archives

  La pluie battante salue le fils de la Guyane : Étienne-Yves Barrat, vendredi 20 mai vers 16 heures. Un dernier hommage est rendu à la cathédrale Saint-Sauveur au doyen des avocats, 86 ans, qui s'est éteint, lundi 16 mai.
  Le cortège arrive dans le calme et la discrétion. “A l'image de Tiennot, un homme humble et respectueux”, souligne Rodolphe Alexandre qui a écrit un long hommage sur “l’intellectuel du Parti socialiste guyanais”.
  Les avocat-e-s sont là, au lendemain de la saint-Yves, le saint patron des hommes de loi, de la femme et de l’orphelin.
Il était très fier de son prénom : Étienne et Yves. Il insistait pour que nous fassions quelque chose le jour de cette fête. Il aimait son métier et le transmettait avec passion. Il a plaidé jusqu'à ses 80 ans. C'est un homme délicieux, charmant, un confrère d'exception”, évoque, avec émotion, maître Elisabeth Ewstifeiff sur le parvis de la cathédrale.
  La famille de M. Barrat se présente solidaire derrière le défunt. Marc, André, Patricia prennent soins de leur maman.
Le père Catherine récite une prière avant d'entrer dans l'enceinte et béni la dépouille.
Dans l'assistance, on reconnaît Christiane Taubira, Rodolphe Alexandre, Joëlle Prévôt-Madère, Gabriel Serville, président de la Collectivité territoriale de Guyane, madame le bâtonnier Landry.
La chorale entame magnifiquement le psaume de la création. “Mon dieu tu es grand, tu es beau...” André Barrat remercie chaleureusement le groupe de chanteuses.

"C'était un ami, du premier jour au dernier"

  Sur un banc, accompagné de maître Robert Robeiri et maître Émile Tshefu, Maître Guéril se souvient de son ami d'enfance. Leur première rencontre chez les sœurs puis le lycée Félix-Éboué avec M. Nonnon comme professeur d'histoire. Ensuite, les deux futurs avocats choisissent des villes différentes pour leurs études. Montpellier pour M. Barrat en sciences-politiques, Paris pour M. Guéril. “Mais on se retrouvait souvent. Il montait sur Paris. C'était un ami, du premier jour au dernier”, raconte l'avocat père de maître Régine Guéril-Sobesky.
  Fidèle en amitié, fidèle en amour, à son épouse Thérèse, mariée en 1960, fidèle en politique aussi.
Il s'est engagé au PSG par amitié à Élie Castor. Etienne-Yves était un libéral, socialiste, profondément humaniste, touché par la misère qu'il rencontrait à Cayenne”, assure l'historien Rodolphe Alexandre qui prépare un livre sur Justin Catayée.
  “Son adhésion au PSG suscitait l'étonnement, lui le fils du Docteur Barrat, le terrible adversaire de Justin Catayée, fondateur du PSG”, remarque l'ancien président de la CTG.
  En effet, Roland Barrat appartenait à la droite gaulliste RPF-UNR. Il fut ancien maire de Cayenne (1953-65), puis président du Conseil général (1951-58). A l'époque la région n'existe pas.
 
  Son fils Étienne-Yves se lance en 1970, quatre ans après son retour au pays. “Il a été élu conseiller général du canton ouest de Cayenne de 1970 à 1976, il avait battu le conseiller général sortant l’inamovible Paul Rullier … Une surprise ! Il a alors intégré la majorité du Conseil Général présidé par Léopold Héder accompagné des jeunes de l’époque Claude Ho A Chuck, Yves Robo et Georges Giffard” se souvient Antoine Karam, ancien président de la région Guyane, au micro de Catherine Lama pour Guyane la 1ère.

Les hommes et femmes qui ont façonné la mémoire récente de la Guyane
 
  Il fut un homme de médiation en politique et un homme aux plaidoiries légendaires.
Il fut aussi un père de famille qui laisse ses enfants perpétuer l'héritage familial, sans robe d'avocat mais avec un cabinet d'architecture reconnu pour André et des films à succès pour Marc.
Étienne-Yves Barrat a été enterré au cimetière de l'avenue d'Estrées.
Il rejoint ses amis partis plus tôt vers l’Orient: le président-député du Conseil général Élie Castor, le maire de Cayenne Gérard Holder, le président de Région-Sénateur Georges Othily et le Sénateur Raymond Tarcy”, conclut Rodolphe Alexandre dans un hommage partagé sur les réseaux sociaux.
Les hommes et femmes qui ont façonné la mémoire récente de la Guyane s'en vont. Ils nous rappellent la difficile tâche qui incombe à la génération de leurs enfants et petits-enfants de leur succéder avec le même amour de la Guyane qu'ils avaient chevillé au corps.