“La Guyane n'est pas née en 2017, Il faut faire preuve d'humilité”
Législatives 2022

“La Guyane n'est pas née en 2017, Il faut faire preuve d'humilité”

Gérôme GUITTEAU ; g.guitteau@agmedias.fr
Gabriel Serville sort de cette campagne où les composantes de sa majorité territoriale s'affrontaient plutôt renforcé. Davy Rimane, un proche est élu dans l'Ouest et Jean-Victor Castor dans l'Est. Peyi Guyane, son parti avait appelé tardivement à voter pour Jean-Victor Castor, au second tour.
Gabriel Serville sort de cette campagne où les composantes de sa majorité territoriale s'affrontaient plutôt renforcé. Davy Rimane, un proche est élu dans l'Ouest et Jean-Victor Castor dans l'Est. Peyi Guyane, son parti avait appelé tardivement à voter pour Jean-Victor Castor, au second tour. • G. GUITTEAU

Gabriel Serville a répondu à France-Guyane dans l'effervescence du QG de campagne de Jean-Victor Castor à Cayenne, samedi soir. Il met les points sur les i avec Trop'Violans et a hâte de se mettre au travail avec les deux nouveaux députés pour “enfin parler d'une même voix”.

Quelle est votre première réaction à l'annonce des victoires de Davy Rimane et de Jean-Victor Castor ?
Le mouvement Peyi Guyane avait appelé à voter pour Davy Rimane et Jean-Victor Castor donc vous allez comprendre que nous ne pouvons être que satisfait. L'essentiel c'est de se rencontrer rapidement et de se mettre au travail pour le bénéfice de la Guyane. On a élu deux personnes d'engagement et ce depuis bien longtemps. Ils n'ont pas attendu 2017 pour montrer leur détermination à s'engager.
J'ai hâte qu'on puisse se mettre au travail et qu'on harmonise nos visions.

Est-ce la majorité territoriale qui gagne ce soir ?
Non. C'est un idéal qui gagne, un état d'esprit. Celui de dire que la Guyane doit être portée par les enfants d'ici qui croient qu'on mérite davantage de considération de la part de ceux qui gouvernent ici et de ceux qui président à nos destinés depuis Paris depuis la France hexagonale.
Il y aune convergence de points de vue entre la CTG et sa tendance majoritaire et les deux députés. C'est une chance inespérée de nous mettre ensemble pour travailler. Je pense à l'évolution statutaire, à l'éducation, au foncier, à la santé, à l'aménagement du territoire, à la lutte contre toutes les formes de spoliation du territoire pour enfin aller de l'avant.
Ce sont deux techniciens actuel et passé de EDF. Est-ce un hasard ou la problématique de l'énergie, souvent minorée est devenue cruciale pour les Guyanais ?
C'est sûrement le fait du hasard. Effectivement, l'énergie est un sujet majeur : la centrale du Larivot, la CEOG au village Prospérité. Quand on n'est pas capable de trouver de l'énergie, de s'alimenter on aura les pires difficultés à développer le territoire. Très heureux qu'on ait à ses foncions éminentes deux personnes qui sur ce sujet vont savoir de quoi parler et donc avancer très rapidement.
Davy Rimane n'a pas de parti, on sait qu'il est très proche de vous au moins depuis 2017. Pourquoi n'est-il pas à Peyi Guyane, votre parti ?
Davy Rimane n'est pas chez nous parce que sa vie ne lui a pas fait rencontrer Peyi Guyane. Il est vrai qu'on se voit, qu'on se parle mais le plus important c'est de savoir comment ensemble on va travailler, tracer une feuille de route.
Gabriel Serville, président de la CTG. • CNES

 
"La personne veut me faire croire qu' en deux jours et demi, elle m'a fait élire ?"
 
Il se racontait l'an dernier, qu'Yvane Goua a négocié directement avec vous pour obtenir trois noms éligibles dont Jean-Victor Castor. Elle ne les a pas obtenu. Une promesse quant à un soutien lors des législatives (de cette année) aurait été actée pour atténuer la déception ?
Trois noms ? Sur ma liste ? Je n'ai jamais parlé de ça avec madame Yvane Goua.
Jean-Paul Fereira est venu et m'a donné toutes latitudes pour choisir les gens. A aucun moment je n'ai discuté avec qui que ce soit de la liste.
Avant les élections, j'étais allé voir Yvane Goua pour lui proposer d'être sur ma liste, compte tenu de son implication. Elle a pris 24 heures pour me répondre : "Non, je préfère rester dans le monde associatif". Pareil, pour les élections cette année. Elle dit qu'elle m'avait demandé et que je m'étais engagé de prendre parti pour personne.
Mais je n'en ai jamais discuté avec Yvane Goua et pour cause. Thibault Lechat-Vega m'a dit depuis très longtemps qu'il voulait aller aux législatives. Vous croyez que moi, je vais renier la personne qui m'a accompagné pendant neuf ans, qui m'a fait briller, qui a fait la personne que je suis aujourd'hui par rapport à son sérieux ?
Pendant les élections des territoriales, leur slogan était “Tous contre Alexandre” au premier tour, et au second tour, il reste deux jours et demi de campagne. Vous croyez qu'on peut inverser une tendance en si peu de temps ?
La personne veut me faire croire qu' en deux jours et demi, elle m'a fait élire ?
C'est votre réseau, votre engagement qui vous ont fait gagner?
  J'ai réalisé un travail depuis 1985. J'ai eu des élèves qui ont 55 ans aujourd'hui et quand ils me croisent, ils demandent si je ne faisais pas déjà de la politique. J'ai 5 600 contacts dans cette petite arme de guerre, mon téléphone. Tous les jours j'envoyais des informations qui partaient à ce réseau. J'ai passé un temps fou pour répondre à la population sur Radio jam, un travail de conscientisation.
   Quand les gens se réveillent en 2017, après la mort de Hervé Tambour à Eau-Lisette. J'ai vu l'avénement des 500 frères. La première fois où ils mettent les cagoules le mercredi 15 février 2017. J'étais le seul élu à parler avec eux.
  Alors quand j'entends Trop'violans dire que c'est seulement grâce à eux que je gagne. Je mets un gros point d'interrogation.
On met en doute le travail que j'ai fait pendant toutes ces années.
  La Guyane n'est pas née en 2017. La Guyane c'est un territoire qui a une histoire avec des femmes et des hommes qui se sont battus. Donc aujourd'hui je ne peux pas accepter que des personnes viennent aujourd'hui et disent que c'est grâce à elles qu'un tel est élu. Il faut faire preuve d'humilité. C'est une valeur que j'ai toujours prônée. C'est faire insulte à notre intelligence individuelle et à notre intelligence collective.
"Créer une vraie force d'action, une force de frappe"
 
Le 28 juin date de rentrée de l'Assemblée nationale, vous serez là-bas ?
J'ai une réunion avec les régions de France. Si je peux faire un petit crochet par l'Assemblée Nationale, je le ferai volontiers. Je pourrai retrouver des camarades.
Comme ceux de la Gauche démocrate et républicaine, votre groupe au palais Bourbon. Vous pourriez lui présenter nos députés ?
Les élus n'ont pas dit leur positionnement car je crois qu'il vaut mieux attendre les élections de demain (ce dimanche, NDLR) et voir le résultat global. Vu les résultats attendus, je pense que cela sera vers la Nupes (Nouvelle union populaire écologiste et sociale, NDLR) ou si elle n'existe pas, par malheur, cela sera vers des partis de gauche. On ne va pas tirer des plans sur la comète.
  Quelque soit le groupe d'appartenance, il faut voir si on va pouvoir créer une vraie force d'action, une force de frappe pour modifier nos rapports avec Paris.
Lors de votre second mandat de député, vous avez développé une méthode. Allez-vous partager votre expérience auprès des deux nouveaux députés ?
J'ai dit aux deux députés pendant les deux tours, que la méthode employée n'était peut-être pas la plus efficace aujourd'hui.
Comme celle d'être un opposant permanent à la Collectivité territoriale, comme vous l'avez été avec Rodolphe Alexandre ?
Monsieur Rodolphe Alexandre était dans une posture qui était particulière. Il disait un son de cloche ici et un autre à Paris. On a le droit de ne pas être d'accord mais on a surtout le devoir d'être transparent avec la Guyane et d'être fidèle à ses idéaux. Cette constance là, je ne l'ai pas relevé chez mon prédécesseur. Moi je dis aux Guyanais de me faire confiance. Je n'ai rien à perdre. Mon ambition est de hisser ce territoire à un niveau d'excellence.
On va y arriver avec les quatre parlementaires. Cela ira avec madame Phinéra-Horth mais avec Georges Patient, j'espère qu'il va comprendre l'intérêt de se mettre dans cette majorité de grands élus que nous allons constituer afin de ne pas devenir le caillou dans la chaussure.

Gabriel Serville sort de cette campagne où les composantes de sa majorité territoriale s'affrontaient plutôt renforcé. Davy Rimane, un proche est élu dans l'Ouest et Jean-Victor Castor dans l'Est. Peyi Guyane, son parti avait appelé tardivement à voter pour Jean-Victor Castor, au second tour. • G. Guitteau
Le chemin en commun de Gabriel Serville et Jean-Victor Castor vu par le président de la CTG
"Quand je me suis lancé dans les élections à Matoury en 2008. j'ai fait trois sièges, Jean-Victor a fait trois sièges. On était tous les deux dans l’opposition.
En 2012, je deviens député.
En 2014, je le dépasse. On décide de fusionner et on gagne.
Dès 2014, il y a eu des incompréhensions qui ont fait qu'on s'est frictionnés. Mais il faut savoir, qu'au lycée, on faisait du sport ensemble au stade de Baduel. Nous étions tous les deux des athlètes.
En 2017, après avoir été élu je décide de me libérer du poste de maire.
On fait une élection en interne. Au 3e tour, il y a deux candidats en lice. Jean-Victor Castor et Serge Smock. Je dis à mes amis de la majorité de voter Jean-Victor car je savais qu'il en avait les compétences et les capacités.
Il perd à une voix près, 17 vs 18. La personne est venue me dire qu'elle ne se voyait pas voter pour un maire indépendantiste. Donc ça veut dire que nonobstant les frictions entre 2014 et 2017, je n'ai pas hésité à dire que si j'étais maire c'étaitt grâce à lui et à notre fusion.
En 2020, de nouveau aux municipales, en octobre, j'ai fait campagne pour lui. Je me suis affiché à son meeting à l'entrée du quartier Maya.
En 2021, on y va séparément mais au second tour des territoriales, je prends des gens du MDES, Samantha Cyriaque et Karine Cresson-Ibris, des piliers du MDES. Elles font un travail colossal."