« Si la pression sécuritaire ne s’allège pas, vous n’aurez pas de développement économique en Guyane »

Joël Sollier, procureur général, analyse la montée de la criminalité actuelle en Guyane. Les phénomènes sont inquiétants mais il pense que cette criminalité organisée, bien que complexe, peut être endiguée. Entretien passionnant et exclusif avec un homme dont les apparitions médiatiques sont rares.
Je fais peut-être erreur mais de mon point de vue, la Guyane est en Amérique du Sud. Il n’y a donc pas de raisons objectives pour que la Guyane connaisse une situation différente de celle qu’on trouve en Amérique latine. On y trouve des grands trafics, que cela soit : les stupéfiants, les armes, l’immigration illégale, la contrefaçon de marchandises, la prostitution.
De manière générale, ces trafics ne sont pas faits par des amateurs mais plutôt par des organisations criminelles. C’est pareil dans les prisons. C’est tout un problème en Amérique latine avec des établissements à 2 000 voire 3 000 personnes qui explosent régulièrement. On se retrouve avec des milliers de personnes dans la nature. Elles sont tenues par des gangs. Pourquoi la Guyane échapperait-elle à ce schéma ? Pour quelles raisons objectives ? Donc notre travail consiste à essayer d’atténuer ces phénomènes qui existent ailleurs. On ne les éradiquera pas.
Nous sommes là pour éviter ça. C’est ce que l’on fait, on atténue fortement la portée de ces gangs. La situation actuelle nous est bien connue. Est-ce qu’il y a dix ans, il existait des gangs en Guyane ? La réponse est non. On estime leur installation aux alentours de cinq ans. On a aujourd’hui un niveau d’implantation certain. Notre...