Rencontre historique entre les présidents Macron et Santokhi
SURINAME

Rencontre historique entre les présidents Macron et Santokhi

Eric GERNEZ, au Suriname
Le 18 juillet, rencontre des présidents Macron et Santokhi
Le 18 juillet, rencontre des présidents Macron et Santokhi • IMAGE CENTRE DE DOCUMENTATION DU SURINAME

C’est historique, car c’est une première : la rencontre a eu lieu à Bruxelles lors du sommet de la communauté d’Amérique latine (CELAC) des Chef d’Etats de la France et du Suriname

Lors de sa dernière visite sur le Maroni, le président Macron avait louvoyé pour ne pas rencontrer Dési Bouterse et permettre qu’une photo de poignée de main ne perdure dans les archives. Avec Santokhi, il n’y a plus de problème de respectabilité et la rencontre affiche une franche cordialité. Le président du Suriname a ainsi déclaré : "Le partenariat fondamental et constructif entre le Suriname et la France est basé sur le bon voisinage et les avantages mutuels." On ne peut qu’acquiescer.


Le président Santokhi a remercié le chef du gouvernement français d'avoir soutenu le Suriname dans la restructuration de ses dettes financières auprès du Club de Paris et dans les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI).


Ainsi qu’il l’a fait au sommet Caricom et à l’occasion du 14 juillet à la résidence de France, Chan Santokhi renouvelle son appel à la création d’une force unissant Etats-Unis, Pays-Bas et France pour lutter contre le narcotrafic et agir sur le terrain. On eût aimé qu’il cite également le trafic d’or et les crimes environnementaux, qui participent aussi au crime organisé.

Un pont, sérieux ?


Quand le président Santokhi propose de réfléchir à un pont entre Guyane et Suriname, il abuse de la prétendue méconnaissance du dossier Suriname par son homologue français ou gage sur sa courtoisie.


Car Emmanuel Macron aurait pu présenter deux arguments : commencez par terminer la cale d’Albina pour permettre au ferry Malani d’y accoster. Deuxièmement, ne préféreriez-vous pas une collaboration française pour remplacer le pont Weidenbosh, vieillissant, qui relie les deux rives de Paramaribo ?


Le PDG de Total, au Suriname en septembre


Dans son communiqué officiel, le service de communication de la présidence du Suriname assure que Patrick Pouyanné se rendra au Suriname en septembre. C’est une confirmation des rumeurs qui couraient déjà à Paramaribo. On sait les autorités impatientes d’entendre l’annonce de Total de passer au stade FID (décision finale d’investissement), qui signifierait le début de la phase de production pétrolière. Sans doute misent-elles sur ce moment, en espérant un bon alignement de planètes.


Macron invité au Suriname


Après cette rencontre historique entre les présidents des deux pays, Chan Santokhi à convié son homologue à venir au Suriname. Gageons qu’entre le pom et le fiado*, quelques sujets très sérieux seront abordés. Citons pour mémoire, la ratification de la frontière, la signature du traité d’extradition, le rôle de la maternité de Saint-Laurent (deuxième de France après Mayotte), la contrebande de gasoil sur le Maroni, l’évasion de l’or illégal de Guyane à Dubaï via le Suriname…


« Mieux vaut un bon voisin qu’un ami lointain » déclarait Nicolas de Lacoste, ambassadeur de France au Suriname, le 14 juillet. D’accord, et les relations de bon voisinage demandent parfois de parler net.


*pom et fiado sont deux mets typiques du Suriname