« Vivre l'expérience à fond et trouver l'équilibre »

C'est une saison riche en réussites et en émotions pour Océane Francillonne. L'escrimeuse guyanaise de 18 ans membre de l'équipe de France d'épée a disputé les 13 et 14 mai les Championnats de France d'épée à Toulouse dans un tournoi composé des 31 meilleures tireuses de sa catégorie.
Après avoir commencé l'escrime à Cayenne à 6 ans, Océane Francillonne a pris la direction de l'Hexagone, il y a trois ans : « J'ai d'abord été au pôle France épée Dames qui se situait à Talence, vers Bordeaux, puis depuis cette année, il est à Wattignies, autour de Lille. »
Aujourd'hui, membre du collectif s'entraînant au Creps des Hauts-de-France et du cercle d'escrime de Châlons-en-Champagne, la Guyanaise a dû passer par une phase d'adaptation à seulement 15 ans pour poursuivre son parcours dans le haut niveau : « J'avais envie de voir plus de choses et de progresser, mais c'était très dur de prendre la décision de partir. [...] Je ne connaissais pas du tout la vie ici et j'avais beaucoup d'appréhension. Heureusement, j'ai eu la chance d'avoir ma mère pour m'accompagner, et puis je me suis rapidement intégrée à mon groupe d'entraînement donc ça s'est plutôt bien passé. Je me suis progressivement épanouie », décrit-elle.
« Ce n'est pas évident »
Quand on lui demande les conseils qu'elle donnerait à celle qui était à sa place quelques mois avant le début de son aventure, Océane répond : « Je lui dirais de continuer à croire en elle, ce n'est pas toujours évident. Il faut qu'elle s'accroche, qu'elle parle, ne pas rester isolée. Il faut essayer de vivre l'expérience à fond et trouver un équilibre entre le sport, les études et la vie sociale, qui est souvent laissée de côté. »

Car effectivement, plus qu'un sport, l'escrime est devenue pour Océane Francillonne un moteur et un régulateur de sa vie. « Je ne sais pas si je pourrais dire qu'il y a quelque chose en particulier [que l'escrime m'a apporté] : comme tout sport, il y a toutes les valeurs qu'il véhicule, mais je retiens surtout la confiance en soi. Ce sont toutes ces choses qui permettent au quotidien d'être moi tout simplement. »
« Aller le plus loin possible »
« Je veux aller le plus loin possible. Sachant que ces dernières années n'ont pas été très faciles à gérer sur le plan mental, je sais que je voudrais que l'escrime reste un plus dans ma vie. [...] L'escrime n'est pas un sport très médiatisé, c'est dur d'en vivre, mais je souhaite rentrer à l'Insep et faire de grands championnats si j'en ai l'opportunité, tant que j'arrive à trouver l'équilibre qui me permettra de réussir. [...] Je me concentre pour l'instant sur mes deux dernières années en Junior, je pense pouvoir faire de bonnes choses. On verra comment ça se passera quand je serai senior. »
C'est en effet une saison bien remplie au sein du circuit junior international qui touche à sa fin pour Océane Francillonne. Avec une victoire notoire en coupe du monde par équipe en Espagne en décembre, elle est allée chercher la médaille de bronze en individuel à Istanbul en février, puis une médaille d'argent par équipe à Beauvais en France.
L'histoire a continué de s'écrire au cours des championnats d'Europe et du monde Juniors, auxquels elle a participé pour la deuxième année consécutive : malgré des échecs en individuel, la tireuse guyanaise est montée sur le podium européen avec ses coéquipières de l'équipe de France !
La Guyane cousue au cœur
Solidement attachée à ses racines, Océane arbore fièrement sa carte de la Guyane cousue sur sa combinaison à toutes les compétitions et voue à sa terre natale et ses proches qui s'y trouvent une grande reconnaissance : « La Guyane, c'est là où je suis née, où j'ai vécu où j'ai grandi, je l'ai dans mon cœur. J'y ai évolué en tant que personne et aussi en tant qu'escrimeuse. Ça me paraissait important de la représenter au niveau national comme international, jusqu'à la porter sur moi. »

Océane joue désormais un rôle particulier auprès des générations qui suivront son parcours et tenteront de marcher sur ses pas : « Je me suis beaucoup identifiée à des tireurs et des tireuses qui étaient partis, comme moi donc oui, je pense que mon parcours peut être motivant pour les générations qui arrivent. [...] J'ai déjà eu l'opportunité de rentrer et de retourner dans mon club, de faire un stage avec les petits. J'ai ressenti un peu de nostalgie, je me suis revue en eux... je trouve que c'est important de partager.
C'est pour ça que je tiens à remercier mon club d'escrime de Cayenne, mais aussi ceux de Kourou et de Matoury pour nos échanges, mon entraîneur Joël Gonzil et Gérard Le Brun notre président. Merci aussi au Maeva, mon premier sponsor ainsi qu'à la CTG, et surtout à ma famille, très présente. »
On a des entraînements individuels dans la journée en fonction de notre disponibilité. On a un entraînement tous les soirs à partir de 17 h 30 en général, et le reste de la journée le matin et l'après-midi, on a cours. En fonction de nos emplois du temps après le repas, on rentre chez soi et on fait nos devoirs en général