Bien-être des peuples intérieurs : SOS jeunesse défend son bilan

Le rapport d'activité 2020 du programme de l'Agence régionale de santé de lutte contre le suicide dans les populations des fleuves de Guyane (BEPI) montrait quelques manquements dans la gestion par le groupe SOS jeunesse qui se désengage de cette opération. Ce dernier ainsi que l'association majoritairement bénéficiaire des subventions ont répondu à France-Guyane afin de défendre leur travail.
“Ce sont 2 148 000 euros, en réalité qui ont été versés en faveur du programme BEPI à l’association Groupe SOS de 2018 à 2021”, indique Maxime Zennou, directeur général du Groupe SOS Jeunesse, délégué territorial aux Outre-Mer, dans un courrier en réponse à un article précédent sur ce programme.
Nous mentionnions dans cette publication un budget de 1,83 million d'euros sur quatre ans à la lecture du rapport d'activité 2020. L'article posait quelques questions sur la pertinence de ce programme au vu des projets financés et du manque de dépense du programme Bien-être des populations intérieures (BEPI) qui correspondait à une réponse au rapport sur le suicide du Sénat de 2015.
“Ce sont 88 projets qui ont été financés par le BEPI pour un montant total versé aux associations de 1 044 122 euros. Près de 70 % des porteurs de projets ont été des association locales et 30 % des associations du littoral. Lorsque l’association gestionnaire du programme a souhaité résilier la convention relative au BEPI le 30 septembre 2022, suite au blocage du programme par le pilote, et aux nombreuses injonctions contradictoires, le solde s’élevait à 358 094,74 euros, montant qui sera reversé intégralement à l’ARS”, assure l'association gestionnaire.
Le rapport d'activité 2020 évoque un solde de 748 000 euros à dépenser. Sur le 1,1 million d'euros de dépenser, 450 000 ont servi à payer les ressources humaines du programme gérées par l'association SOS jeunesse.
“ Notons que l’association, pleinement engagée dans ses missions, n’a facturé aucun frais de gestion au programme pendant cinq années. La recherche de fonds a permis de collecter 384 000 euros afin de mener jusqu’à aujourd’hui des actions complémentaires sur l’accès aux droits, à la santé et à la scolarité des enfants et des familles des communes de l’intérieur. L’organisation prévue des dépenses était de 350 000 euros pour le versement aux porteurs de projets et l’organisation de la gouvernance, et de 178000 euros pour la coordination, l’accompagnement des porteurs et la recherche de fonds”, précise SOS Jeunesse. Association très présente sur le territoire dans l'économie sociale.
“Nous rappelons que tous les projets financés ont été proposés le plus souvent par et pour les habitants, et validés systématiquement par la gouvernance participative associant ces derniers ainsi que les chefs coutumiers, le grand conseil coutumier, les administrations, l’ARS et l’association Groupe SOS. Il nous semble que le choix des habitants et des autorités administratives et coutumières mérite le respect”, intervient Maxime Zennou.
Toute la question de la gouvernance de ce programme réside dans ce décalage entre des programmes choisis et pourtant loin des besoins vitaux de sa population comme nous le signalait une participante du comité de suivi du littoral.
“L’article ne fait pas mention des actions de recrutement et de formation des médiateurs en santé des CDPS ni des référentes du réseau Périnat par exemple”, mentionne l'association. Jamais le rapport d'activité inscrit de telles missions au sein du BEPI. Des missions qui semblent s'éloigner du programme au profit d'embauches d'un personnel qualifié dans des missions primordiales de santé publique.
D'ailleurs, SOS Jeunesse dans son courrier charge à plusieurs reprises l'ARS pour l'échec de ce programme qui a changé de dénomination. Il devient le plan en faveur du mieux-être et de la santé globale des habitants de l’intérieur dit plan « mieux être » pour les années 2023-2026 : “En 2020, l’ARS a freiné le programme suite à la réserve électorale et la crise sanitaire s’est aussitôt imposée contraignant l’équipe à suspendre les déplacements et l’organisation des comités de suivi sur les communes de l’intérieur.”
Autre motif de mécontentement de la direction de SOS jeunesse auprès de l'ARS : “En 2021, et malgré la relance du programme en sortie de crise, il n’y avait plus de pilote à l’ARS dédié au programme, les projets transmis par l’association Groupe SOS en mars pour validation ou signature de la convention ont reçu un accord de l’ARS en septembre, expliquant ainsi le retard et les faibles résultats en termes de financement de projet sur 2021. L’arrivée d’un référent en 2022 aurait pu faire basculer les choses positivement mais en vain, aux vues de sa méconnaissance du terrain et du programme.”
Un audit du BEPI et une évaluation de l'impact des projets BEPI auraient été diligentés mais ”la mesure de l’impact du programme devait se faire par l’intermédiaire d’une évaluation externe débutée et arrêtée soudainement par l’ARS en 2022 sans en expliquer les motifs”, soutient SOS Jeunesse.
Pendant ce temps, comme nous le rappelions dans l'article précédent, les suicides continuent d'étendre leur gangue mortifère sur une population. Des suicides qui ne concernent plus exclusivement les adolescents mais aussi des mères de famille quadragénaire comme en janvier dans un village de la Litany.
Akenaïtuna assure avoir formé des jeunes au Bafa
L'association Akenaïtuna, présidée par Jeannette Anataka a trouvé le chemin de notre mail depuis la parution d'un article concernant ses projets au sein du programme Bien-être des populations intérieurs (BEPI) de l'Agence régionale de santé. Parmi ces projets, la formation de jeunes au Brevet d'aptitude aux fonctions d'animateurs (Bafa). L'ARS ne pouvait pas nous donne un chiffre de jeunes formés. C'est chose faite. Il y a eu cinq jeunes formés. Par ailleurs, l’omniprésence de cette association a une explication d'après sa présidente qui érside sur dans l'Île de Cayenne. “AKENAÏTUNA étant la seule association déclarée et disposant d’un compte bancaire, nous sommes donc sollicités par l’ensemble des villages, des habitants et des chefs coutumiers pour le portage administratif et financier de leurs projets.”