Hantavirus : étude sur le terrain après les quatre cas de 2022
SANTE

Hantavirus : étude sur le terrain après les quatre cas de 2022

Avec la lettre pro de l'ARS
Enquête sur le terrain après les cas d'Hantavirus en 2022
Enquête sur le terrain après les cas d'Hantavirus en 2022 • ARS

L’an dernier, quatre personnes ont été hospitalisées suite à une infection par ce virus transmis par les rongeurs. Une était décédée. Ce nombre élevé et l’évolution clinique plus favorable – il y avait eu sept hospitalisations dont quatre décès entre 2008 et 2021 – ont conduit à mener une étude dans les trois quartiers concernés par les cas diagnostiqués en 2022, à Rémire-Montjoly et Macouria. Aucun cas récent n’a été détecté, mais quatorze infections anciennes. Les résultats ont été présentés aux habitants, la semaine dernière.

Début 2022, quatre patients infectés à l’hantavirus (virus Maripa, transmis par un rongeur peu commun en ville) ont été admis au Centre hospitalier de Cayenne. La situation a été jugée sérieuse : au cours des quatorze années précédentes, seuls sept patients avaient été diagnostiqués ; quatre étaient décédés (lire la Lettre pro du 3 mai 2022). C’est pour mieux saisir la situation que plusieurs études ont été menées dans les mois suivants.

Une investigation téléphonique et des pièges

Tout commence par une investigation téléphonique menée par le service de veille et sécurité sanitaire de l’Agence régionale de santé (ARS). Cette investigation se fait directement auprès du patient si c’est possible où par l’intermédiaire d’un proche, ensuite des enquêtes environnementales menées par l’ARS accompagné de l’IPG (laboratoire des Interactions Virus-Hôtes) qui placent des pièges et capturent des rongeurs pour rechercher l’hantavirus. C’est systématiquement le cas après l’identification d’un cas d’hantavirus. C’est aussi l’occasion de proposer des solutions pour éviter d’autres contaminations.

Des résultats qui interpellent

Les résultats interpellent : les personnes touchées n’ont guère quitté leur quartier alors que la piste de contamination la plus sérieuse passe par la souris pygmée de Guyane, une petite variété marron réputée vivre dans des espaces ouverts comme les savanes ou la lisière des forêts. L’évolution clinique a également été moins défavorable qu’attendu : on a déploré un seul décès parmi les quatre patients signalés comme infectés l’an dernier, contre 4 sur 7 au cours de la période précédente. Les équipes spécialisées se sont alors demandées si d’autres cas peu graves et donc non signalés avaient existé autour des quatre premiers patients. Il a donc été décidé de rechercher activement des traces de contamination récentes dans l’entourage de ces cas, et avancer dans la compréhension de cette maladie et de sa circulation. Le projet de dépistage a été présenté aux élus des communes concernées.

Une enquête pour comprendre

Une enquête sérologique autours des quatre derniers cas se déroule donc de fin novembre à mi-décembre. Pendant deux semaines dans deux secteurs de Macouria, puis une semaine dans un quartier de Rémire-Montjoly, les équipes de la Croix-Rouge française effectuent des maraudes dans les trois quartiers, expliquent la maladie, proposent une prise de sang aux habitants, leur posent des questions, rendent les résultats individuellement en présence des médecins du CHC, une fois ceux-ci connus. Sur les neuf cents personnes attendues, deux cent soixante-quatorze participent. Les analyses, effectuées par le Centre national de référence (CNR) hantavirus à l’Institut Pasteur de Guyane, ne révèlent aucune infection récente, c’est-à-dire au cours des quatre derniers mois. En revanche, 14 personnes présentent les traces d’une infection plus ancienne. Aucune différence significative n’a été mise en évidence entre des personnes porteuses de marqueurs d’une infection ancienne (IgG) à hantavirus et les autres personnes enquêtées.

Une avancée majeure dans la compréhension de cette maladie

Il s’agit d’une avancée majeure dans la compréhension de cette maladie : réputée à l’origine comme étant de mauvais pronostic (près de 50% de décès), elle apparaît désormais comme pouvant donner des symptômes suffisamment faibles pour ne pas nécessiter hospitalisation, prélèvement biologique puis signalement. L’enquête permet aussi de montrer que le virus n’a pas non plus circulé massivement dans les quartiers touchés.

Une présentation des résultats aux populations concernées

Jeudi et vendredi, les résultats de l’étude ont été présentés aux habitants des quartiers concernés, qui sont venus nombreux. Il a été expliqué que l’étude ne semble pas indiquer de circulation particulière de l’hantavirus dans ces quartiers. Parmi ces cas anciens, aucun n’a semble-t-il dû être hospitalisé.

Un rappel des recommandations

Cette restitution a fourni l’occasion à Adrien Ortelli, chef de pôle Santé environnement à l’ARS, et pour l’équipe mobile santé environnement (Emse, successeur du projet Wash) de la Croix-Rouge française, de rappeler que les rats sont susceptibles de transmettre d’autres maladies graves, comme la leptospirose. Et de rappeler quelques précautions à prendre pour éviter de s’exposer au virus : chasser les rongeurs de chez soi, nettoyer la poussière avec de l’eau et/ou de la javel (plutôt qu’avec un balais, qui peut remettre en suspension des pathogènes), et porter un masque, avant de nettoyer un sol qui ne l’a pas été depuis longtemps, pour éviter d’inhaler la poussière, ne pas hésiter à consulter son médecin en cas de forte fièvre.

Voir la lettre pro de l'ARS du 4 avril.


Ce que l’on sait de l’hantavirus

Il est transmis par un rongeur. Sur le territoire, l’espèce la plus vraisemblable est la souris pygmée de Guyane, une petite souris marron qui vit dans les espaces ouverts tels les savanes ou la lisière des forêts. On attrape le virus en inhalant de la poussière à laquelle sont mêlées ses déjections.

Une souche spécifique à la Guyane. Les hantavirus sont présents partout sur la planète. La souche identifiée en Guyane par l’Institut Pasteur est différente de celle repérée chez nos voisins. Elle porte le nom de virus Maripa, du nom du lotissement où le premier cas a été identifié.

Des symptômes courants d’abord, puis une dégradation rapide. En Europe et en Asie, l’hantavirus provoque surtout des atteintes rénales. Chez nous, les premiers symptômes sont la fièvre, la toux, les douleurs abdominales. Suit un syndrome respiratoire à partir du cinquième jour, qui peut conduire les patients à l’hôpital. Dès lors, la maladie peut s’aggraver très rapidement. Les patients décédés l’ont été en quelques heures. L’enquête sérologique menée en fin d’année montre qu’il existe des cas asymptomatiques ou pauci-symptomatiques.

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