Micro-trottoir : pourquoi autant d’abstention ?

34,6% des inscrits guyanais avaient voté au premier tour des Présidentielles, soit à peine 36 000 électeurs. Pour le second tour, un peu moins de 38% ont fait le déplacement. À quoi est dû ce désamour des urnes ? Nous avons posé la question à quelques Guyanais. (Micro-trottoir réalisé avant le second tour).

« Pour l’instant, je n’ai arrêté aucun choix. Il y a eu trop de ‘punitions’, trop de personnes ont perdu leur emploi comme les infirmières pendant la crise sanitaire. Au départ, on avait besoin d’elles car elles sont indispensables mais après, on a trouvé qu’elles contaminaient les patients et elles ont perdu leur place. Ça m’a beaucoup affecté. Par rapport à tout ça. Aussi, au niveau de la Guyane, il y a plusieurs dossiers comme l’orpaillage clandestin. L’or est saisi chez les orpailleurs illégaux mais aucun retour ne nous ai fait pour en faire bénéficier la Guyane et faire évoluer nos structures et ce dont nous manquons ici. On ne se sent pas concernés parce que le gouvernement ne nous donne rien. On n’a rien en retour ! Quand ce sont des élections de proximité, on voit certaines choses mais quand ça se passe plus loin, on a l’impression d’être laissés-pour-compte. »

« Je n’ai jamais voté de ma vie et je ne pense pas voter à ces élections. Trop de personnes sont mortes pour que l’on ait le droit de vote et maintenant, il y a trop de magouilles. C’est un dégoût ! Prendre le temps de sortir de chez soi, comme à l’époque où nos gangans le faisaient - bien s’habiller, se pouponner - là maintenant, on ne trouve pas le goût de le faire encore. »

« D’une part, je pense que c’est un désintérêt des jeunes. D’autre part, la non-implication des élus et le fait que l’on soit déçus à chaque fois de leurs soi-disant promesses qui ne sont pas tenues et c’est de pire en pire. On l’a vu avec la crise Covid et les Accords de Guyane. Les Guyanais n’ont plus d’espoir. »

« Je pense qu’il y a un décalage entre la Métropole et les problèmes en Guyane donc les Guyanais ne se sentent pas concernés par les thèmes politiques hexagonaux. Par exemple, quand on parle de voile dans la rue, on n’est pas concernés. Au niveau économique, on parle de pouvoir d’achat alors, qu’ici, on est déjà à 30 % de plus donc ça aussi, ce n’est jamais pris en compte. »