État d'urgence, perquisitions
administratives... Que vous inspirent les réponses politiques
apportées au phénomène terroriste ?
Les mesures de police, l'état d'urgence, ce
sont des mesures symptomatiques. Comme quand on met un garrot pour
stopper un saignement. Mais il faut faire attention à ne pas tomber
dans le piège tendu par Daesh, qui veut réduire la capacité
démocratique de la France. D'autant que, selon moi, en novembre
2015, Daesh a raté sa cible.
En quoi ont-ils « raté leur cible » ?
L'économie politique du terrorisme
djihadiste est à la fois fragile et double : d'une part, il faut
sidérer l'adversaire, l'obliger à se raidir, et d'autre part, il
faut galvaniser les sympathisants pour avoir des soutiens. Or,
contrairement au 7 janvier, on peine après le 13 novembre à trouver
des gens qui expriment publiquement le moindre soutien à Abaaoud
(1) et à ses comparses. Le fait que ces attaques aient ciblé de
manière indiscriminée la jeunesse, dans laquelle il y avait aussi
de jeunes musulmans, a suscité un rejet massif.
Nos responsables politiques ont-ils perçu
ce changement ?
Je ne suis pas complètement sûr que les
autorités françaises se soient donné les moyens d'analyser ce
phénomène dans ses dimensions politique et culturelle....