« Chlordécone Vérité et Réparations » : la lutte continue à Paris

Le « Comité d'organisation du 10 mai » a organisé cet été dans la capitale un atelier traitant des conséquences humaines, sociales, économiques et environnementales de la pollution au chlordécone aux Antilles. Associations de victimes, experts et militants sont tombés d'accord sur plusieurs points parmi lesquels « internationaliser la lutte » et préparer « une loi pour les réparations. »
Le non-lieu prononcé en janvier dernier dans l'affaire de la pollution massive au pesticide des Antilles françaises les a affectés mais ils ne sont pas K.O. Les militants anti-chlordécone de la région parisienne multiplient les actions de sensibilisation et de mobilisation collective, y compris sur le front judiciaire. Cet été, associées au syndicat national Solidaires, plusieurs associations ont remis cette lutte sur le devant de la scène. Un atelier « Chlordécone Vérité et Réparations » a été organisé dans les locaux de l'université de Bobigny, dans le cadre d'un séminaire sur les mouvements sociaux et les solidarités.
Théo Lubin est le président du « Comité d'organisation du 10 mai ». Pour ce militant parisien de la cause antillaise à Paris, « le but c'est, suite au dernier non-lieu, avec les collectifs des ouvriers et ouvrières agricoles victimes des pesticides de poursuivre la lutte. L'objectif c'est d'obtenir l'écriture d'un projet de loi et, avec Me Leguevaques, de constituer un collectif de victimes ».
Dans ses conclusions, l'atelier « Chlordécone Vérité et Réparations » met en avant la création d'un « projet de loi sur les réparations » qui financerait l'indemnisation des victimes en se procurant les « moyens financiers auprès de l'État et des pollueurs ». Il est aussi question « d'internationaliser la lutte » en organisant une « Conférence des peuples du monde » et de « faire converger les luttes sociales dans l'Hexagone ».
Pour les militants antillais qui vivent en région parisienne, dont Théo Lubin, « il faut sensibiliser la diaspora transocéanique sur la défense de leurs droits civiques et de leurs droits aux réparations liées aux conséquences de l'histoire coloniale ». Préserver des liens entre la Caraïbe et Paris - où se joue la bataille judiciaire et politique en grande partie - est crucial.
Des appels ont été lancés depuis Fort-de-France pour que des victimes antillaises se constituent partie civile à Paris. Le soutien de structures nationales comme le syndicat Solidaires est perçu comme vital par les militants. Leur but est de constituer un groupe de pression puissant en vue d'une action collective.
En Martinique, du 22 au 28 octobre prochain, s'organise la « Simenn dobout Matinik pou gawoulé kont chlordécone ». Le « Comité d'organisation du 10 mai » et de nombreuses autres associations travaillent pour tenir un événement à Paris en parallèle.