Ils squattent l'Etat

Ils squattent l'Etat

Kerwin ALCIDE
Une cinquantaine de personnes, parmi lesquelles des enfants, ont trouvé refuge dans les villas abandonnées de l'ancienne gendarmerie de Chaton (HG)
Une cinquantaine de personnes, parmi lesquelles des enfants, ont trouvé refuge dans les villas abandonnées de l'ancienne gendarmerie de Chaton (HG)

Plusieurs bâtiments et villas de l'Etat laissés à l'abandon sont occupés par des squatteurs. Ce sont souvent des demandeurs d'asile qui occupent illégalement ces logements.

Un landau près des escaliers, des vêtements qui sèchent au soleil. Autant d'éléments qui témoignent de l'occupation des anciens locaux de Météo France, avenue André-Aron à Cayenne. L'administration n'utilise plus ce bâtiment depuis bientôt trois ans. « Dès qu'un bâtiment n'est pas occupé un jour, il est squatté » , confie Jean-Claude Hernandez, administrateur général des finances publiques en Guyane. La nature a horreur du vide, les squatteurs le savent bien.
Justement, Juan Carlos Zorrilla tente de combler ce vide. Après quelques semaines dans les villas de la gendarmerie à Chaton, il déménage pour Météo France. Ce demandeur d'asile, arrivé en Guyane en novembre, a passé deux nuits dans les rues de Cayenne avant de trouver refuge en face de la gendarmerie de Chaton, dans ces villas réservées jadis aux gradés. Dans un premier temps, lui et un compagnon de voyage se sont contentés de dormir dans un hamac, sous le grand carbet qui donne face à la mer. Ce professeur d'anglais dit avoir fui son pays après avoir été racketté pendant trois ans par une bande mafieuse. En août dernier, il est passé à tabac devant sa femme et ses deux enfants. Il fuit alors Tuquerres, situé au nord-ouest de la Colombie, pour rejoindre Cali. Mais toujours pas rassuré, il envoie femme et enfants aux États-Unis et cherche un « pays en paix »...