Un landau près des escaliers, des vêtements
qui sèchent au soleil. Autant d'éléments qui témoignent de
l'occupation des anciens locaux de Météo France, avenue André-Aron
à Cayenne. L'administration n'utilise plus ce bâtiment depuis
bientôt trois ans. « Dès qu'un bâtiment n'est pas occupé un jour,
il est squatté » , confie Jean-Claude Hernandez, administrateur
général des finances publiques en Guyane. La nature a horreur du
vide, les squatteurs le savent bien.
Justement, Juan Carlos Zorrilla tente de
combler ce vide. Après quelques semaines dans les villas de la
gendarmerie à Chaton, il déménage pour Météo France. Ce demandeur
d'asile, arrivé en Guyane en novembre, a passé deux nuits dans les
rues de Cayenne avant de trouver refuge en face de la gendarmerie
de Chaton, dans ces villas réservées jadis aux gradés. Dans un
premier temps, lui et un compagnon de voyage se sont contentés de
dormir dans un hamac, sous le grand carbet qui donne face à la mer.
Ce professeur d'anglais dit avoir fui son pays après avoir été
racketté pendant trois ans par une bande mafieuse. En août dernier,
il est passé à tabac devant sa femme et ses deux enfants. Il fuit
alors Tuquerres, situé au nord-ouest de la Colombie, pour rejoindre
Cali. Mais toujours pas rassuré, il envoie femme et enfants aux
États-Unis et cherche un « pays en paix »...