Le Grand conseil coutumier rencontre les chefs de la Tapanahoni

De jeudi à samedi, l'assemblée plénière du Grand conseil coutumier se tient à Grand-Santi. Les invités sont nombreux : des chefs djukas de la Tapanahoni, affluent du Maroni, Christiane Taubira, comme grand témoin et les services étatiques (ARS, préfecture et rectorat).
“C'est notre premier échange. Il est très important. Il doit nous permettre de nous saisir des grands enjeux du Maroni et de ses affluents : orpaillage, environnement et fin de vie.”
Bruno Apouyou, président du Grand conseil coutumier a déplacé l'assemblée plénière de l'institution à Grand-Santi, la ville des Djukas, peuple originellement du Suriname où ils se sont auto-libérés de l'esclavage en 1762.
L'occasion était donc belle de rencontrer le grand man des Djukas qui est choisi traditionnellement sur les rives de la Tapanahoni, un affluent surinamais, terre des Djukas.
“Malheureusement, le coût de la logistique pour accueillir tous les capitaines de cette rivière était trop élevé. Nous n'avons pas pu accueillir les capitaines amérindiens de cette rivière mais le grand Man des Wayana sera là, Patrick Twenké”, confie Bruno Apouyou.
Les délégations sont accueillies depuis aujourd'hui. L'assemblée plénière se réunit de jeudi à samedi.
Réduire l'impact de l'orpaillage
Le thème central de la rencontre concerne l'orpaillage et ses conséquences environnementales et sanitaires.
“Nous allons évoquer les dangers du Mercure, voir ce que nous pouvons faire pour réduire la pollution de cette activité qui reste légale du côté surinamais”, détaille le capitaine des Bonis/Aluku de Kourou.
Les débats sont ouverts au public les deux premiers jours. Les votes de l'assemblée plénière se déroulent, samedi matin, à huis clos.
Le jeudi après-midi sera consacré à la relation entre les institutions du littoral et les populations du fleuve. Mathieu Gatineau, numéro de la préfecture intervient. L'Assistance à Maîtrise d'Ouvrage pour l'évolution statutaire est aussi présente avec Jean-Pierre Aron et André Néron. Ils présenteront avec Roger Aron, le vice-président de la Collectivité territoriale en charge du dossier les enjeux derrière cette volonté politique.
“Nous voulons savoir ce que ce changement va amener comme nouveaux pouvoirs à la CTG. C'est tout”, assure Bruno Apouyou.
L'ancienne Garde des Sceaux et député de Guyane, Christiane Taubira clôture la journée.
Le lendemain matin est consacré à la santé avec l'Agence régionale de santé et les enfants avec une juge des enfants Naïs Boulier.
L'après-midi, “nous parlerons de la nécessité à installer une commission vérité et réconciliation et de l'indispensable rétrocession des terres”, prévient le capitaine kouroucien.
Une rétrocession des terres engagée depuis ... 1892
A ce titre, Bruno Apouyou ne vient pas les mains vides. “J'ai retrouvé les preuves que l'île des Lépreux à Saint-Laurent du Maroni a été donné aux Bonis, à la fin du XIXe siècle. Six enfants bonis y vivaient et allaient à l'école à Saint-Laurent. L’État a reconnu leur habitation sur cette île”, s'enthousiasme le président du GCC. “Mieux, en 1892, nous avons retrouvé la preuve que les Bonis avaient demandé au “chef colon”, comme il est écrit sur le document, qu'il rétrocède 25 km2 soit 2 500 hectares par village.”
Malheureusement, pour l'instant France-Guyane n'a pas pu se procurer le document pour savoir si l’État accordait cette demande et de combien de villages, il est question.
Bruno Apouyou estime à 250 000 hectares, cette demande qui viendrait en plus des 400 000 hectares que l’État a accepté en 2017 de rétrocéder aux peuples autochtones dont techniquement, au sens de la définition onusienne, les Bonis/Alukus n'appartiennent pas.
