Expulsions au Mont-Fortuné, entre résignation et résistance

Lundi prochain, une deuxième vague de destruction des habitats informels du Mont-Fortuné, à Matoury, doit être menée par les services de l'État. 53 habitations construites sur un flanc de montagne à risque devraient être évacuées. Une grande partie de la communauté n'est pourtant pas prête à quitter le secteur et à effacer une partie entière de leur vie. Reportage.
" Ils casseront ma maison avec moi… pas sans moi ! ", scande Jean-Michel Civil, habitant du Mont-Fortuné depuis 1992, en regardant la bâtisse qu'il a construite de ses propres mains. Cette phrase illustre le sentiment général éprouvé par les résidents de ce secteur voué à la destruction.
Dans ce quartier informel haïtien situé entre Balata et la Chaumière, à Matoury, les décisions de l'évacuation et de la destruction des habitations n'ont pas été acceptées. " On ne va pas se laisser faire. Je suis là depuis 30 ans, j'ai toute ma vie ici. On les attend ! ", prévient Hermione Alexandre, 50 ans, qui répète formellement son intention de ne pas faire ses bagages.
Pourtant, dès lundi prochain, des pelleteuses et un escadron entier de gendarmes arriveront sur place avec l'objectif d'évacuer la zone. 53 maisons, et autant de familles, sont concernées. Coté État, l'action est justifiée par un arrêté préfectoral signé le 13 mai 2022, et qui se base sur un rapport d'août 2020 du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières). L'arrêté écrit que la communauté présente sur cette zone est " exposée à un risque très important de glissement de terrain pouvant menacer gravement des vies humaines. " Bien que contesté auprès du tribunal administratif,...