L'orpaillage sur le bassin du Maroni devant l'Assemblée

Les élus de Guyane ne sont pas seuls dans leur combat. Eléonore Caroit, députée des Français de l'étranger pour l'Amérique du Sud et les Caraïbes y apporte sa contribution.
C'est par la voie de la question écrite à l'Assemblée Nationale qu'Eléonore Caroit s'est adressée à ses pairs sur le sujet sensible de la pollution du bassin du Maroni liée à l'orpaillage illégal.
« Le fleuve Maroni n'est pas une simple frontière délimitant le Suriname de la Guyane, mais une véritable artère centrale de la vie économique et sociale qui rassemble un écosystème extrêmement riche. Or, ce sont, en moyenne, dix tonnes d'or qui sont exploitées illégalement chaque année sur le versant français du Maroni. L'utilisation massive de mercure, nécessaire à l'extraction de l'or, entraîne une pollution importante à la fois des sols et de l'eau. »
Elle souligne les conséquences sur la santé publique, l'écosystème, l'économie et la criminalité sur un bassin de vie fragile, qui justifie de l'urgence d'une action conjointe de la France et du Suriname. Elle demande de quelle manière la France entend lutter contre le développement de l'orpaillage illégal sur le fleuve.
Hausse d'effectifs à l'ambassade
L'Assemblée a rappelé les actions menées dans le cadre des missions Harpie et le récent calendrier d'échanges et d'accords avec le Suriname. Le Président de la République s'est entretenu avec le président Santokhi en marge du sommet UE-CELAC des 17 et 18 juillet, une première entre un président français et un président surinamais, « afin de marquer notre volonté de renforcer notre partenariat bilatéral pour répondre ensemble aux enjeux sécuritaires et environnementaux communs. Dans ce sens, pour accompagner le renforcement de notre coopération sécuritaire et de défense, les effectifs de notre ambassade au Suriname ont significativement augmenté. Elle accueille, depuis le début de l'année, un nouvel attaché de sécurité pour la coopération policière. Elle accueillera également à partir du 1er août 2023 une mission de défense. »
Le mercure en question
Dans sa réponse, l'Assemblée apporte aussi des précisions sur le sujet de la contamination aux métaux lourds, dont le mercure, le corollaire diabolique de l'orpaillage. Son action, dit-elle, sur ce sujet dépasse l'action bilatérale avec le Suriname, elle entend l'étendre aux autres pays voisins concernés que sont le Guyana et le Brésil. « Le renforcement de nos liens stratégiques et de notre soutien aux partenaires constituent les piliers de notre action sur le plateau des Guyanes. ''
Le temps législatif et diplomatique n'est pas sur la même échelle que celui du fleuve.
Au moment où nous écrivons ces lignes, des pirogues partent de quelques points du Suriname, chargées de gasoil, mercure et autres motopompes, pour se diriger vers le ''garimpo'' qui les attend impatiemment sous les futaies de la forêt de Guyane.