Pour les familles ayant reçu une protection internationale sous un statut de réfugié et relevant désormais du droit commun, c'est le centre Covid mis en place à l'Hôtel du Fleuve de Sinnamary et devenu inusité qui a fait office de solution idéale. Les personnes profilées y ayant déménagé étant supposées être arrivées au bout de leur procédure et n'ayant plus besoin de se rendre dans le chef-lieu que pour des démarches ponctuelles et pour lesquelles le Samu Social devrait offrir une logistique en termes de navettes.
Pour les couples sans enfants, un placement en appartement a pu être organisé autour de l'île de Cayenne tandis qu'une dizaine d'hommes seuls ont, pour leur part, pu trouver un lit dans le site d'une ancienne bibliothèque du campus Saint-Denis. Les autres personnes ont été dispatchées entre les deux sites aménagés à Galmot et Suzini.
Pour autant, près d'une quarantaine de personnes n'auraient toujours pas été prises en charge et plusieurs dizaines sont venues depuis ce matin se poster avec tous leurs bagages et quelques enfants devant la plateforme de la Croix Rouge située avenue d'Estrée à Cayenne. Si, la plupart semblent être des Syriens arrivés du Vénézuela ce mois-ci -donc trop récemment selon les décisions des autorités pour pouvoir être pris en charge- au moins quatre hommes sont toujours en attente de décision concernant leur statut de demandeurs d'asile depuis le dernier trimestre 2020.

MÉDECINS DU MONDE SIGNALE LE MANQUE DE COORDINATION LOGISTIQUE
L'association Médecins du Monde, qui ne fait pas partie des opérateurs officiels de l'État, a cependant joué un rôle primordial tout au long de la crise migratoire qu'a connu le seul site de la pointe Buzaré en assurant l'accompagnement médical et psychologique des légions de demandeurs d'asile dans le besoin.
" On constate un décalage entre le discours de la Préfecture et ce que l'on a vu sur le terrain. La Préfecture a d'ailleurs reconnu pendant l'audience de jeudi au Tribunal administratif qu'elle avait eu un problème de coordination avec les opérateurs : ce qui s'est ressenti sur la cohérence du recensement effectué sur le camp, explique Sophia Derbak, coordinatrice du programme Urgence de l'association. Il semblerait que cela ait été leur volonté de ne pas communiquer leur venue pour le recensement afin de ne pas risquer de créer un effet d'appel d'air. C'est plutôt le contraire qui s'est produit puisque des personnes qui n'étaient dans leurs tentes à ce moment là se sont donc retrouvées avec des procédures d'éviction, poursuit la travailleuse sociale.
Les soucis ne se sont pas posés que pour le décompte, mais aussi dans les modalités de l'évacuation. Il fallait que les recensés se présentent à la Croix Rouge avec une convocation par SMS. Ça peut sembler pratique, mais pas lorsque vous n'avez pas accès à une prise électrique pendant parfois trois jours, constate Sophia Derbak bien désolée. Il y a même eu ce cas invraisemblable où au moment d'embarquer dans le bus, une dame sans interprète est partie chercher son mari et à qui l'on a finalement refuser le départ pour Sinnamary en lui disant qu'elle venait de refuser les conditions matérielles d'accueil (CMA) pour son foyer. "
Toujours autant mobilisées, les équipes de Médecins du Monde craignent désormais de rompre leur continuité de soins avec leur patientèle la plus fragile. " En réglant l'urgence par de l'urgence, on ne peut pas apporter de solution viable, en attendant certaines personnes malades sont dans la nature. " conclut la responsable de projet.
Cet après-midi, le camp était vide et les baraquements détruits et empilés. Les personnes avenue d'Estrée en famille ont elles indiquées qu'elles n'auraient pas d'autre choix que de dormir sur le trottoir et en appelle à la bienveillance de la population.