Ce devait être une grande fête du football. Le « Roi Pelé », champion du monde avec le Brésil six mois plus tôt, se déplaçait à la Martinique avec son club du FC Santos.
Cet événement retentissant, attendu par tous, a laissé un goût d'inachevé, amer même, entre « crise et rébellion », comme nous le relations dans notre rubrique Mémoire Sensible, paru le 1er février 2020.
Condamnations pour inscriptions sur les murs, meeting réprimé par les forces de l'ordre, des blessés, intrusion en force dans les jardins de l'hôtel de ville de Fort-de-France, heurts entre gendarmes et manifestants... La venue du Santos FC à la Martinique et de sa star mondiale n'a pas été qu'une rencontre de football historique.
Cet événement retentissant destiné à relancer le football martiniquais en pleine crise, s'est accompagné d'une vive contestation : le prix sélectif du ticket d'accès au match, au stade Louis Achille à Fort-de-France..
Ancien chroniqueur sportif sur RCI et co-auteur d' « Une histoire du foot martiniquais », Christian Cabréra a gardé un souvenir « en demi-teinte » de la prestation de Pelé, même s'il avait pu payer sa place (France-Antilles du 5 juin 2014). « (...) Ayant terminé mon service militaire peu de temps auparavant, j'avais repris mes fonctions d'enseignant, alors que des copains étaient restés dehors : je pense à mon cousin Marcel Pujar, qui, lui, était étudiant. Pour le voir le match, comme tant d'autres, il s'était hissé sur le toit du lycée technique, au risque de chuter ».
« On ne s'attendait pas à une telle rébellion »
« Ce prix avait été fixé par la Ligue. Je reconnais qu'il était cher, mais pour un tel événement nous pensions qu'il y avait un public prêt à débourser cette somme. Je dois avouer que l'on ne s'attendait pas à une telle rébellion. Le comité directeur a été surpris et dépassé par ce qui se passait, l'ampleur du phénomène. Il se posait à ce moment-là une question de sécurité publique » a admis André Charpentier, alors secrétaire général de la Ligue, dans ce même article du 5 juin 2014.
51 ans après, reste le souvenir de ce match soldé par un 4-1 pour le Santos FC contre la sélection de Martinique. « À mon avis, la prestation des footballeurs du Santos FC n'a pas été à la hauteur des attentes du public martiniquais. Tout simplement parce que dans l'imaginaire du grand public, le foot brésilien c'est du beau jeu, des jonglages, du foot « champagne ». Il y a eu des éclairs sur le terrain, par exemple Pelé a fait un match en demi-teinte, mais il a fait deux ou trois gestes techniques qui prouvaient son talent », a commenté Christian Cabrera, dans nos colonnes.
Quant à l'homme Pelé, lui-même, il est resté inaccessible : icône planétaire du foot, son entourage tarifait toute sollicitation qui lui était adressée hors du stade. Un pan d'histoire martiniquaise retracé aussi dans le documentaire : « Nous irons voir Pelé sans payer ».




















