Saint-Laurent vent debout contre le report de l'ouverture d'une école d'infirmiers

Le personnel du Centre hospitalier de l'ouest guyanais, soutenu par la municipalité, a manifesté ce matin à Saint-Laurent son incompréhension face à l'annonce par l'ARS et le rectorat du report à 2023 de l'ouverture d'un IFSI à l'Ouest.
« Nous avons un accord avec l'université, tout est rédigé depuis novembre, mais il y a un problème interne à l'Université, ils ont pas signé le document et ça nous met dans cette situation alors qu'on y est pour rien », s'agace Paule Tocney, directrice des soins à l'hôpital Franck Joly et moteur de la création de l'Ifsi.
Depuis cinq ans, la professionnelle de santé lutte pour obtenir des infirmiers guyanais. D'une part pour endiguer le rythme incessant des contrats de plus en plus courts d'infirmiers en provenance de métropole, parfois présent seulement un mois sur le territoire. D'autre part pour offrir aux jeunes saint-laurentais des formations, ne pas les obliger à choisir entre un départ couteux à Cayenne ou en métropole et un abandon de leurs études.
« La situation est grave », continue Paule Tocney, « derrière moi j'ai des personnels épuisés, devant des jeunes qui veulent étudier, je ne peux pas comprendre que ça soit bloqué ».
Une incompréhension unanimement partagée dans le cortège ce matin, « Ce n'est pas justifiable, pas raisonnable » témoigne Olivier Angenieux, médecin à l'Ehpad de la ville. Le praticien rappelle que sur les 46 diplômés de l'IFSI de Cayenne (le seul du territoire actuellement) l'an dernier « un seul a été posté à Saint-Laurent du Maroni ».
La quasi-totalité des cadres du Chog battent d'ailleurs le pavé ce matin, signe clair d'unité. La mairie qui a voté à l'unanimité une motion et écrit au préfet, soutient le mouvement, comme l'explique Manuel Jean-Baptiste. « Vu les besoins c'est impossible qu'il n'y ait pas d'ouverture », sourit le 3eme adjoint.
Le report est d'autant moins compris que le succès de la formation était assuré. « J'allais m'inscrire, ça me permet de rester à saint Laurent, de poursuivre ma formation sans partir », raconte Myrtho Germanie, aide soignant depuis trois ans. Fataliste, il « s'attendait au report, c'était trop beau pour être vrai. En Guyane il faut toujours lutter pour avoir des choses de toute façon ». Si l'école n'ouvre pas à la rentrée, Dimitri va lui rester à Saint-Laurent avec ses enfants en bas âge, pendant que sa copine « va devoir aller à Cayenne ».

En réponse aux manifestants, le rectorat informe dans un communiqué laconique « qu’une rencontre est organisée le mardi 22 mars 2022 avec l’ensemble des acteurs concernés par le projet » et que « des éléments d’information devraient être apportés au cours de cette réunion ». L'ARS, elle, renvoie vers le rectorat.
« Des projets d'IFSI il y en a eu plusieurs », en vain, rappelle Nathalie Monier, cadre de santé employée depuis 28 ans par l'hôpital. « Pour faire une infirmière il faut trois ans, donc avec un report on recule d'autant le recrutement. Et puis on sait que s'ils le reportent il verra jamais le jour. Laissez l'ouest se développer ! »