Le groupe d'action de Philippe Bouba quitte La France insoumise
Politique

Le groupe d'action de Philippe Bouba quitte La France insoumise

Gérôme GUITTEAU ; g.guitteau@agmedias.fr
Philippe Bouba et Erika Tarade ont déposé leur liste à la préfecture pour concourir à la députation dans la première circonscription le 11 juin. Aline N'Guyen Van-Vaï  se tient à la droite du candidat. - Crédit photo : équipe de campagne
Philippe Bouba et Erika Tarade ont déposé leur liste à la préfecture pour concourir à la députation dans la première circonscription le 11 juin. Aline N'Guyen Van-Vaï se tient à la droite du candidat. - Crédit photo : équipe de campagne • DR

C'était dans l'air depuis les résultats du premier tour des législatives et le maigre 5,4% du candidat Philippe Bouba. Le Vice-président de la Collectivité territoriale quitte avec ses soutiens La France insoumise.

   Ils quittent le mouvement mais pas les idées. LFI Guyane insoumise - Grand Groupe d'Action des Insoumis-es de Guyane (GGAG) ne sait pas encore ce qu'il va devenir mais  ses membres claquent la porte du parti français. Une décision prise lundi soir par les proches du comité de soutien aux candidatures de Davy Rimane et de Philippe Bouba.
  Une décision prise lundi soir par les proches du comité de soutien aux candidatures de Davy Rimane et de Philippe Bouba.
Nous quittons La France Insoumise, qui, tout en prônant l'autonomie des territoires ultramarins, reste une organisation centralisée et centralisatrice. Nous supprimons notre Grand Groupe d'Action des Insoumis-es de Guyane. Nous restons ensemble et en groupe pour permettre la construction d'une force politique guyanaise électorale et active sur terrain”, indique un communiqué du Gars.
  Philippe Bouba, rencontré devant le palais de justice, ce matin souhaite prendre la parole, demain soir lors du pot de remerciement qui se tient à Cayenne.
Des militants méprisés par le bureau politique
   L'annonce de discussion dans le dos des groupes d'actions locaux pour une investiture d'Yvane Goua avec la député LFI Danièle Obono ne passe pas chez les militants qui assurent avoir reçu un document de Manuel Bompard, numéro deux de LFI, le 22 mai qui donnait cette sacro-sainte investiture au docteur en histoire.
Le document présenté après la campagne par Philippe Bouba qui prouve pour lui que des personnes sont intervenues auprès de LFI national pour contrecarrer son investiture. Finalement, on a appris que c'était plutôt Yvane Goua qui avait les préférences de LFI. Le document étonne par le titre attribué à Manuel Bompard. Il n'y a pas de président chez LFI. • DR

   Manuel Bompard nie toute prise de décision du mouvement et donc réfute l'existence de ce document. En revanche quand il lui est demandé si le document présenté par le GGAG est un faux ou s'il l'a bien signé... aucune réponse.
Le National a toujours décidé pour les Guyanais sans notre avis, voire sans nous en informer.[...] Le National a eu des échanges, voire des négociations, dans le cadre des élections législatives pour la 1ère circonscription avec d'autres candidats ou mouvements, sans que nous le sachions.[...] Le National n'a pas soutenu ni respecté les décisions de nos militants et adhérents locaux votées en Guyane”, fustige l'ancien groupe d'action.
  Lors du second tour des législatives, à 64 %, les militants guyanais de LFI avait choisi de voter en faveur de Jean-Victor Castor. Quelques heures après cette annonce, LFI donnait son soutien à Yvane Goua. Une trahison de plus alros que cette question de l'investiture a pourri la campagne en tendant les relations entre les deux vices-présidents de la Collectivité territoriale, Thibault Lechat-Vega, autre prétendant à l'étiquette LFI et Philippe Bouba.
"LFI traite les Guyanais de manière coloniale, jacobine, centralisée"
   Finalement, après le scrutin des législatives, on se rend compte que la marque LFI ne compte pas tant que ça, ici. C'est le nom de Jean-Luc Mélenchon et sa posture anti-macronie qui ont plu en avril lors des présidentielles. Les Guyanais ont voté à 50,9% pour lui tandis que les deux VP ont tout juste dépassé les 5 % en juin.
  « Sur le fond on est d'accord mais sur la forme nous ne sommes pas d'accord. Nous n'en pouvons plus de leurs manipulations, celles de Paul Vannier. J'ai été la première du groupe à quitter LFI dès la fin des élections. Kourou, Saint-Laurent sont d'accords avec nous et quittent LFI. Nous restons les insoumis de Guyane et nous réfléchissons à quel forme prendra notre engagement politique », explique Aline N'guyen Van-Vaï.
   Les militants guyanais déçus par l'appareil politique de la LFI ne rejettent donc ni les idées ni l'homme Mélenchon.
  « On est en plein débat avec les autres. Pour l'instant il n'y a pas de vague démissionnaire dans notre groupe d'action mais on doit changer la gouvernance. La cacophonie ne peut pas se répéter. Le groupe de Philippe a décider de partir en claquant la porte. Nous ne prenons pas cette position radicale mais nous sommes fortement sur la même longueur d'ondes. C'est ce caractère insupportable de la LFI qui traite les Guyanais de manière coloniale, jacobine, centralisée. C'était pire qu'en 2018. L'insoumission c'est une façon de vivre », clame Charles André-Clarke, d'un groupe d'action de Cayenne qui a multiplié les critiques envers Philippe Bouba.
  Dans le même temps, Davy Rimane, le député de la seconde circonscription, soutenu par LFI a préféré rejoindre le groupe communiste de la gauche démocrate et républicaine. Il a déjà dit qu'il n'était pas à l'aise avec le jacobinisme du parti. “Une faute politique”, pour son collègue Jean-Victor Castor.
  Reste à savoir dans les jours ou les mois à venir si le Kouroucien, syndicaliste de l'Union des travailleurs guyanais qui n'a pas de parti avec lui ni de mouvement, voudra s'appuyer sur ce nouveau groupe détaché de LFI. Les prochaines élections locales sont dans quatre ans. De quoi prendre son temps.