Jean-Victor Castor : “Nous sommes à l'époque de l'électrification ”
Politique

Jean-Victor Castor : “Nous sommes à l'époque de l'électrification ”

Gérôme GUITTEAU ; g.guitteau@agmedias.fr
Davy Rimane et Jean-Victor Castor à côté d'Eric Dupond-Moretti, le Garde-des-Sceaux lors de la visite de la Cour d'appel de Cayenne, jeudi dernier. Les députés se sont montrés particulièrement dubitatifs quant aux potentiels résultats des Assises de la sécurité et de la visite des trois ministres.
Davy Rimane et Jean-Victor Castor à côté d'Eric Dupond-Moretti, le Garde-des-Sceaux lors de la visite de la Cour d'appel de Cayenne, jeudi dernier. Les députés se sont montrés particulièrement dubitatifs quant aux potentiels résultats des Assises de la sécurité et de la visite des trois ministres. • G. GUITTEAU

Le député de la première circonscription est retourné à Paris lors de la rentrée parlementaire de lundi. Il a posé une question au ministre de l'Intérieur lors de la séance de questions-réponses dans l'Assemblée nationale, mardi puis il s'est adressé en commission de l'aménagement et du développement durable à la ministre de la transition écologique Mme Pannier-Runacher, mercredi.

 “A l'heure où je vous parle une commune de 12 000 habitants n'a pas d'électricité. Huit communes sur 22 sont isolées. La sobriété énergétique, on la vit et on la connaît depuis des années", affirme Jean-Victor Castor, député de la première circonscription, lors d'une question à la ministre de la transition écologique dans la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable, mercredi.

"Les efforts demandées aux Français n'ont pas de sens chez nous puisque chez nous des contrées n'ont ni eau ni électricité. Donc quelle est votre feuille de route puisqu'on ne peut pas traiter de la même façon la question énergétique en Guyane et dans nos territoire dits d'Outre-mer ? Nous sommes à l'époque de l'électrification tout simplement. C'est un drame et nous devons raisonner en terme d'urgence", continue le député, de retour sur Paris pour la rentrée aprlementaire de lundi.

"J'insiste. Je suis presque en colère au nom de la population guyanaise de voir qu'on ne traite pas les questions fondamentales de développement et de mise à disposition de l'énergie. J'espère que nous aurons un régime singulier et particulier pour nos territoires et notamment la Guyane pour l'urgence et le futur
”, se projète l'ancien employé d'EDF.
Il y aura une PPE spécifique

La ministre de la Transition écologique, Mme Pannier-Runacher
ne s'est pas défilée face à cette urgence. “Vous avez complètement raison de souligner la situation en Guyane qui n'est pas digne d'un pays comme la France. Il y a eu de longues heures sans électricité dans des secteurs complets cet été. On se bat pour la centrale du Larivot. Vous êtes dans une zone non interconnectée, il vous faut une PPE spécifique. Je suis prête à y travailler.

Une réponse plutôt limpide en commission mais le député indépendantiste n'a pas eu le même succès dans l'Hémicycle. Lors de la séance de questions-réponses du mardi, il a interpellé le ministre de l'intérieur et des Outre-mer qui n'était plus là sur la question du foncier. “M. le ministre vous avez fait des annonces essentiellement axées vers le trafic de drogue. Il est vrai que la drogue qui arrive en France transite par la Guyane mais l'insécurité c'est aussi la prostitution, le trafic d'armes, l’orpaillage illégal, le pillage des ressources halieutiques, l'habitat spontané et insalubre, la non surveillance des frontières. L'insécurité en Guyane est judiciaire, économique, sanitaire, sociale et environnementale", dénonce Jean-Victor Castor dans une sorte de résumé de son intervention au début des Assises de la sécurité, vendredi

"Pour vous, l'urgence est que la drogue n'arrive pas dans l'Hexagone. Pour les Guyanais, l'urgence est que la drogue n'arrive pas en Guyane. L'urgence est de démanteler tous les réseaux divers. Mais avec des milliers d'enfants non scolarisés, une population qui vit à 53% sous le seuil de pauvreté, on ne propose à la jeunesse que les trafics, la prison ou l'exode",
déclare le co-fondateur du Mouvement de décolonisatione et d'émancipation sociale (MDES).

"Tant qu'il y aura en Guyane une négation systémique des droits, qu'il manquera des structures de soins et d'éducation, des routes et que l’État confisquera 90% des terres, il y aura de l'insécurité. Les mesures que vous portez tendent à répondre qu'à une urgence. M. le ministre vous vous êtes engagé à ouvrir un dialogue sur la restitution des terres, le préalable au développement économique endogène, qui est lui même un préalable à la sécurité publique. Êtes-vous prêt à utiliser ce levier exclusivement étatique afin de mettre fin à une situation inacceptable et anachronique
”, conclut l'ancien syndicaliste de l'Union des travailleurs guyanais.
40 millions d'euros de plus pour la CTG

Le ministre délégué aux Outre-mer, M. Carenco a répondu à la place de M. Darmanin : “Je n'ai pas entendu la même chose du rapport qui m'a été fait. Reconnaissez d'abord que l'effort fait en Guyane est gigantesque. Peut-être que vous estimez que cela n'est pas assez. Un effort sur la sécurité a été fait partout pas que dans l'aéroport. Le ministre Attal a encore donné 40 millions d'euros à la Collectivité territoriale, juste comme ça pour donner la capacité à la Collectivité d'être raisonnable et responsable.

Le tenancier de la Rue-Oudinot finit sa réponse en se trompant par trois fois sur le nom du député guyanais, l'appelant Melchior.

Sûrement un acte manqué, une référence aux Rois mages apportant les cadeaux après Noël ne peut être qu'un bon signe alors que la venue en Guyane du ministre délégué est prévue pour la fin d'année.

Un déplacement pas forcément placé sous la bonne étoile des trois mages ou alors le temps risque de fortement la couvrir en pleine saison des pluies. “Quand est-ce que la France va démontrer sa volonté à permettre à la Guyane d'avoir un développement plein et entier. Je vous le dis sans haine mais avec détermination. Soit on réussit ensemble soit on réussira seul. Il n'est plus question de voir le territoire dépérir et voir la population se paupériser parce nous ne sommes pas structurés comme ailleurs”, a prévenu Davy Rimane, le député de la seconde circonscription, en conclusion des Assises de la sécurité, devant les ministre de l'Intérieur, de la justice et des comptes publics.
Une intervention qui devait être absente du rapport lu par le ministre délégué.

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