Maroni : une frontière pour l'Histoire
DOSSIER

Maroni : une frontière pour l'Histoire

Xavier-Paul Le Pelletier

La France et le Suriname rédigent un accord définissant un tracé précis de cette frontière naturelle longtemps contestée. Notre dossier.

(Extrait de notre hebdo du 12 février 2021)

 Principale démarcation entre la France et le Suriname ; un tracé précis délimitant la frontière de part et d'autre du fleuve permettra bientôt d'établir officiellement les souverainetés respectives des deux pays sur les plus de 900 îles que compte le Maroni. Fruit de plusieurs années d'échanges et de discussions, cette délimitation est tout à fait inédite d'un point de vue géopolitique puisqu'il s'agit de la toute première frontière établie grâce à des données satellites.

La frontière avec le Brésil fonctionne sur un principe relativement simple : celui de l'orientation que prennent les cours d'eau. Les courants vers l'Amazone reviennent au Brésil tandis que ceux vers la mer sont dévolus à ses voisins. La délimitation de ces bassins versants suit donc la ligne de crêtes des massifs que l'on retrouve aux confins de notre territoire. Pour autant cette notion ne permet pas d'établir une distinction entre les terres guyanaises et surinamaises. La frontière dite « naturelle » du Maroni semblait suffire à préserver un statut quo vieux de trois siècles... jusqu'à ce que Google vienne en 2019 alimenter un différend diplomatique.

Fin 2018, à l'occasion d'une opération conjointe entre les forces armées françaises et la police surinamaise, un camp d'orpaillage clandestin est démantelé dans le cadre d'une opération Harpie sur les îlots Akoti Kampou et Kapassi Tabiki au nord de Grand-Santi. Les militaires se repèrent en utilisant les références...