Le Maroni victime de son or
Reportage-photo sur un camp d'orpaillage hors-normes qui s'est installé sur les rives du fleuve frontalier.
«Auri sacra fames » : « Exécrable soif de l'or » s'exclamait Virgile au premier siècle avant Jésus-Christ. Plus de 2 000 ans après sa mort, le poète latin pourrait bien se fendre de la même exclamation en descendant les berges du Maroni tant la soif d'extraire le précieux métal n'a de cesse d'imposer au fleuve et à ses habitants de profondes et dangereuses transformations. C'est en pirogue que l'on remonte le fleuve.
Le camp se situe sur la rive surinamaise, à plusieurs heures de navigation en amont de Saint-Laurent du Maroni. Depuis notre embarcation, le site ressemble d'abord à un trou béant de plusieurs kilomètres dans la forêt. La végétation luxuriante a laissé place à d'immenses édifices de terre qui s'érigent vers le ciel. Les terrils ici ne sont pas de charbon, ils sont de la terre boueuse et collante que l'homme a extrait de ses fosses. En approchant, les rectangles blancs que l'on distingue s'avèrent être les bâches tendues sous lesquelles la vie et les nuits- des hommes plongés ici s'organise.
Notre arrivée se fait sous bonne escorte. Un garde armé d'un fusil automatique nous accompagne depuis la berge jusqu'à la maison occupée par le responsable du camp.
Lui seul est à même d'autoriser...