Stéphane Appolinaire, militant amérindien de Guyane, n'est plus

Coordinateur général de la Fédération des organisations autochtones de Guyane, Stéphane Appolinaire est décédé dans la nuit de mardi à mercredi, quelques jours à peine après avoir fêté ses 47 ans.
Né le 10 mars 1975 à Awala, dans une famille qui a ensuite participé à la fondation de la commune d'Awala-Yalimapo, Stéphane Appolinaire est le dernier d'une fratrie de dix enfants, dont huit garçons. Il s'est fait un prénom au travers de son engagement associatif, notamment au sein de l'association foncière Couachi Bonon, à Mana.
A 26 ans, en 2001, Stéphane Appolinaire devient conseiller municipal d'Awala-Yalimapo, un poste qu'il occupera jusqu'en 2014. A l'issue de ces deux mandats, il s'est engagé au sein des institutions coutumières kali'na. Depuis 2019, le disparu avait ainsi été élu coordinateur général de la FOAG, poste qu'il aurait du occuper jusqu'en 2022. Dans ce cadre, il se sera battu inlassablement pour la défense des droits des peuples autochtones, encore récemment dans la lutte contre l'implantation d'une centrale électrique sur le territoire du village Prospérité, à Saint-Laurent du Maroni.
Enfant, Stéphane Appolinaire fut l'un « des premiers élèves en classe de troisième à intégrer le tout premier collège de Mana, Léo Othily », se souvient son frère, Frank Appolinaire. « Il brillait par ses notes incontestablement. Mais l'humilité et la tranquillité le caractérisaient beaucoup ». Le jeune homme a ensuite décroché un baccalauréat scientifique au lycée Gaston Monnerville à Kourou avant d'effectuer une maîtrise de droit à l'université de Guyane.
Comme pour terminer la boucle, l'homme est ensuite retourné à son ancien collège, cette fois comme professeur de français et n'en est plus reparti.
Stéphane Apollinaire était par ailleurs musicien Kali'na, initié au sanpula, le tambour kali'na, par son frère aîné Jean (décédé en mai 2021). « Un déclic », se remémore Frank Appolinaire, marqué par la résolution du benjamin de la famille « d'entrer dans le monde du sanpula ».
A l'annonce de son décès, la FOAG a salué un « fervent défenseur du savoir Kali'na » et une « source d'inspiration pour l'ensemble des peuples natifs de Guyane ». Marie-Laure Phinéra-Horth se souvient d'un homme qui « avait placé la lutte pour les peuples amérindiens au centre de sa vie », tout comme Gabriel Serville qui évoque « une figure emblématique du militantisme en faveur des intérêts de la communauté amérindienne ».
La rédaction de France-Guyane présente ses condoléances à la famille et aux proches de Stéphane Appolinaire