Saïfa Galmo nous a quittés, la communauté Aluku en deuil

Ce lundi 24 juillet s'est éteint à Paramaribo Saïfa Galmo, à l'âge de 108 ans. Le doyen de la communauté aluku et "gaan sama" de sa politique locale, siégeait aux côtés des gran man à qui il délivrait ses précieux conseils.
Né en 1915 à Grand-Santi-Papaïchton, Saïfa Galmo est considéré comme un visionnaire par ses pairs. Ses idées concernant la scolarisation des enfants Boni, et même au-delà de la communauté élargie des Bushinenge sur le Fleuve, sont devenues un modèle pour une dynamique inclusive et sociétale.
Il fut un membre investi du parti surinamais NPS, très proche de Johan Adolf Pengel, ancien premier ministre du Suriname. Il se revendiquait également gaulliste et ami du RPR. Il avait d'ailleurs rencontré Jacques Chirac à plusieurs occasions. Plus récemment, il avait rencontré Emmanuel Macron lors de sa visite en Guyane.

Saïfa Galmo a participé à une certaine dynamique de francisation des enfants boni par le développement de la scolarisation, mais aussi par la transmission des connaissances en néerlandais, au vu de la "double nationalité géographique" de sa communauté.
Chef d'entreprise, Saïfa Galmo fut un commerçant notable du balata. Ses activités commerciales ont permis bon nombre de création d'emplois dans les divers groupes ethniques Bushinenge (paramakas, ndjukas mais également saramakas).
Ses connaissances sur les racines ancestrales et la généalogie aluku ont nourri la transmission orale dans la communauté, mais aussi des hommes comme Jean Moomou. Ce dernier, originaire d'Agoodé (Boniville) en a bénéficié, avant de devenir lui-même un émérite professeur d'histoire à l'université, écrivain et historien.
Cette disparition est une perte pour la nation aluku, mais aussi pour le territoire guyanais dans son entièreté et notre histoire collective. Ses proches espèrent pouvoir faire rapatrier sa dépouille afin de célébrer et honorer sa mémoire selon les rites traditionnels alukus.
