Drague dans la rue : où commence le harcèlement ?
SOCIÉTÉ

Drague dans la rue : où commence le harcèlement ?

Par Marie ODRY et Marlène CLÉOMA

France-Guyane donne la parole aux femmes, régulièrement victimes de dragues parfois « désagréables », souvent « lourdes » voire « harcelantes ». Reportage réalisé dans la capitale cayennaise.

 Un regard dirigé vers le postérieur, un sourire trop insistant, des remarques orales choquantes, des interpellations forcées, c’est peut-être devenu banal mais cela reste toujours extrêmement inélégant et déplaisant pour la quasi-totalité des femmes que nous avons rencontrées dans les rues de Cayenne. Dans un vote en ligne publié sur notre compte Twitter, les réponses semblent être concluantes : sur 282 votants, 74% considèrent la drague de rue comme du harcèlement. Nous avons posé la même question à nos abonnés Instagram : là encore, les résultats parlent d’eux-mêmes. Sur les 403 votants, 60% considèrent que le fait de se faire siffler ou interpeller parfois vulgairement dans la rue est synonyme d’harcèlement.

"Nous sommes sexualisées"

Nous nous sommes rendus devant le lycée Melkior-Garré, où les jeunes étudiantes se font accoster quotidiennement. Nous interrompons Joanne, âgée de 22 ans, « L’homme doit dans un premier temps arriver délicatement, car nous ne sommes pas un hamster dans une animalerie. Ils nous matent, nous appellent par notre couleur de peau, nous sommes sexualisées ».

Anaïs, pour sa part a vécu un moment très désagréable, elle se confie : « On ne m’a jamais insulté mais j’ai déjà été suivie pendant longtemps. Un peu paniquée, je suis rentrée dans une boutique, j’ai appelé mon père pour qu’il vienne me chercher ». « C’est lourd et terriblement chiant. Dès que je sors il y a un problème, c’est devenu une habitude....