« Quand donc cesserons-nous d’être le jouet sombre au carnaval des autres »

« Quand donc cesserons-nous d’être le jouet sombre au carnaval des autres »

Gérôme GUITTEAU ; g.guitteau@agmedias.fr
Davy RImane à l'Assemblée nationale

L'un de nos députés, Davy Rimane est intervenu mardi lors des questions au gouvernement. Une intervention une nouvelle fois remarquée portant sur les retraites.

Davy Rimane a fait tonner les hérauts de la Négritude, lors de la séance publique des questions au gouvernement, mardi dernier à l'Assemblée Nationale. En premier lieu, le Guyanais Léon Gontran Damas.

"Il semblerait donc que la politique de l’autruche ne s’applique pas qu’à « nous les peu/nous les rien/nous les chiens/nous les maigres/nous les Nègres/Nous à qui n’appartient/guère plus même/cette odeur blême/des tristes jours anciens ». Madame la Première ministre, comment se fait-il que soixante-dix-sept ans après la départementalisation des vieilles colonies, censée rétablir un principe d’égalité avec l’Hexagone, ce poème de Léon Gontran Damas reste criant d’actualité ?"

Un poème déjà entendu dans l'Hémicycle quand Christiane Taubira l'avait repris lors de la loi sur le mariage pour tous. Black Label deviendrait-il un hymne de la révolte et du progrès social à Paris? Rien est moin sûr.

Un rapporchement des luttes décoloniales et sociales

Pour autant, le poème d'un des fondateurs de la Négritude dans les années 30 permet au député kouroucien de poser cette question au gouvernement de Madame Borne : "Pourriez-vous m’expliquer comment cette réforme pourrait s’appliquer à nos territoires où la majorité de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, où notre réalité est celle de vies actives fragmentées, où est d’ores et déjà appliquée une politique à deux vitesses ? En effet, alors que les fonctionnaires bénéficient d’une prime de vie chère, vous refusez de majorer le Smic versé à nos peuples que vous précarisez. Dès l’élaboration de la loi, vous regardez en l’air et ignorez notre histoire, nos traditions, nos réalités. Pensez-vous réellement qu’une telle réforme réponde à la situation d’urgence que traversent les Françaises et les Français ?"

Un rapporchement des luttes orchestré par Davy Rimane qui a suscité les applaudissements de la Nupes.

Le député, ancien syndicaliste à l'Union des travailleurs guyanais a terminé son propos en citant AImé Césaire, le poète martiniquais et député pendant un demi-siècle, qui dès les années 50 combattait la départementalisation mise en place en 1946, notamment dans cette citation extraite d'un discours de 1956.  « Quand donc [cesserons-nous] d’être le jouet sombre au carnaval des autres » ? Ministres, exécutif, parlementaires, sachez-le : nous ne nous contenterons plus d’assister à la politique des autres."

"L'âge effectif de départ  se situe déjà entre 64 ans et demi et 65 ans"

M. Olivier Dussopt, ministre du travail a répondu au député. "Vous nous dites que notre réforme va trop loin, que nous ne devrions pas relever l’âge de départ. Dans certains territoires de la République, l’application de la réforme entraînera peut-être – j’insiste sur ce mot – une modification de la vie quotidienne moins importante qu’ailleurs. En effet, nous constatons qu’en Guyane, en Martinique et en Guadeloupe, l’âge effectif de départ – et non l’âge légal d’ouverture des droits – se situe déjà entre 64 ans et demi et 65 ans. [...] Je ne dis pas que c’est une bonne nouvelle parce que cet âge témoigne parfois de carrières hachées. Toutefois, dans ces territoires comme ailleurs, nous veillerons à ce que la réforme s’applique le plus justement possible."

Davy Rimane a repris la parole en s'adressant directement à madame le premier ministre qui n'a pas répondu au courrier écrit par les 19 députés ultramarins sur 27 qui ont fait leur rentrée parlementaire en Guyane.

 

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