A Saint-Laurent, une marche joyeuse pour la dignité des peuples autochtones

Un cortège de manifestants a parcouru la capitale de l'Ouest ce matin, pour rappeler à l'occasion du 9 août les revendications portées par les Amérindiens de Guyane depuis près de quarante ans.
En tenue traditionnelle ou en T-shirt frappés d'un logo « journée internationale des peuples autochtones », ces Amérindiens parcourent déjà les rues de Saint-Laurent depuis 6h45 du matin. D'abord rassemblés sur le rond-point, ils ont convergé vers la mairie puis vers la sous-préfecture, pour remettre aux autorités une « motion générale des peuples autochtones de Guyane ».
Le contenu de ce pamphlet n'est pas nouveau : autonomie, reconnaissance accrue des peuples autochtones, restitution par l’État des terres - une promesse réitérée en 2017, sans effet - de façon « inaliénable, incessible, incommutables et indissociable » et respect des droits des peuples autochtones et les accords internationaux comme la ratification de l'article 169 de l'organisation international du travail. Il s'agit pour les manifestants de maintenir une pression sur le moyen terme, de souligner l'actualité de leur engagement.
Le but est aussi de ne pas laisser le 9 août ne devenir qu'une journée de célébrations, vidée de son sens politique.
« C'est bien de faire la fête mais il ne faut pas oublier que nous sommes en lutte pour nos droits », assène un activiste à la chevelure grisonnante, le regard clair et déterminé. D'où un parcours particulier de la manifestation, qui après un tour du centre-ville et des administrations, part vers le village Pierre puis Espérance, tandis que certains se dirigent vers Couachi, sur la commune de Mana. Soit les villages qui ont fait le choix de célébrer leurs traditions le 9 août plutôt que de revendiquer.
« Ces revendications, je les connais depuis longtemps », commente Sophie Charles après avoir remis la médaille de la ville aux yopoto (chefs) présents. « Les demandes ne sont pas du pouvoir des élus locaux », rappelle madame le maire de Saint-Laurent, qui se dit toutefois « prête à accompagner » les doléances et à « avancer ensemble » avec les représentants des six nations autochtones de Guyane. Elle estime de son devoir d'élue « d'accueillir ces doléances et de les prendre en compte ».
Du côté de la sous-préfecture, la réception est bien plus légère : la cheffe du bureau de l'immigration, de la sécurité et de la police administrative fait face seule aux manifestants pour un échange très rapide. Le sous-préfet « s'excuse de ne pas être là », affirme la représentante de l’État, qui assure que les revendications lui seront remises et qu'il y aura par la suite des « réflexions » de la préfecture, sans plus de précision.
Pas de quoi décourager Christophe Yanuwana Pierre, venu en soutien. « Nous, notre responsabilité c'est d'apprendre aux générations qui nous succèdent que le combat continue », clame l'ancien candidat à la dernière législature, soutenu par le nouveau parti anticapitaliste, le parti communiste et Europe écologie-Les Verts. Il voit dans cette marche l'occasion « d'échanger », avant l'organisation en octobre prochain d'un rassemblement des six nations*, dans un lieu encore indéterminé.
*Les six nations amérindiennes de Guyane sont : Teko, Lokono/Arawak, Wayana/Apalaï, Palikweneh, Kali'na, Wayapi/Wayampi.