Meurtre d’un commerçant à Rémire-Montjoly : La piste du contrat « sérieusement prise en compte »
FAITS DIVERS

Meurtre d’un commerçant à Rémire-Montjoly : La piste du contrat « sérieusement prise en compte »

Gaëtan Tringham (g.tringham@agmedias.fr)
La gendarmerie devant le Huit à 8 de Rémire-Montjoly hier soir après 21 heures
La gendarmerie devant le Huit à 8 de Rémire-Montjoly hier soir après 21 heures • SERVICES DE L'ETAT EN GUYANE

 Ce 29 août, en début de soirée, un commerçant d'origine chinoise de Rémire-Montjoly a été tué par balles alors qu’il se trouvait derrière son comptoir. Les auteurs, en fuite, « sont entrés, ont tiré, sont repartis… a priori sans rien prendre », selon les autorités. De la piste du vol à main armée qui a mal tourné à celle du contrat, aucune possibilité n’est écartée. Les réactions se multiplient depuis hier...

 Stupeur hier soir devant le 8 à huit de Rémire-Montjoly. Circulant en scooter « deux ou trois personnes  [...] sont entrés dans le commerce, ont tiré, sont repartis… a priori sans rien prendre. »

Le commerçant de 60 ans, d’origine chinoise, a été mortellement touché, tandis que son épouse, a été blessée à la jambe, sans gravité. Cette dernière a été transférée à l’hôpital de Cayenne dans la foulée. C’est le premier constat dressé par le général Sintive, nouveau commandant de la gendarmerie de Guyane, hier soir lors d’une conférence de presse sur les lieux.
 
Présent également, le préfet n’a pas mâché ses mots : « C'est un acte d’ignominie, un acte brutal, un acte barbare, qui sera condamné et recherché. »

« Ce crime-là doit être rapidement élucidé afin que les gens comprennent ce qu’il se passe. Ce soir, c'est un meurtre d’un commerçant chinois qui travaillait et on ne comprend pas la raison », ajoute Thierry Queffelec.

Le procureur de la République, quant à lui, ne s'est pas encore exprimé sur le sujet, alors qu'une enquête judiciaire a été ouverte. 

Un demi-escadron de gendarmes rapatrié, au détriment de la lutte contre l'orpaillage illégal
Sur le plan comptable des effectifs, les autorités ont réagi. Un demi-escadron de gendarmes mobiles, actuellement mobilisé dans la lutte contre l’orpaillage illégal, a été rappelé sur le littoral dès hier soir « afin de contrôler cette zone qui est habituellement relativement calme » juge encore le préfet de Guyane. « N’importe où, tout peut se passer », constate-t-il. Des renforts qui vont être actifs « jours et nuits », dans le cadre de contrôle de zones aléatoires.

L’enquête se précipite donc. Joint par téléphone ce matin, le général Jean-Christophe Sintive confie : « Toutes les pistes sont envisagées, dont celle du contrat, bien évidemment. »

Avant de continuer : « cela peut être un vol à main qui a mal tourné - même si effectivement la succession des faits est étonnante - mais la piste du contrat est une possibilité qui doit être prise en compte sérieusement. »

La venue du Ministre de l’intèrieur demandée, les réseaux s’enflamment
En parallèle de ce drame, des coups de feu étaient tirés hier soir aux Barbadines, sur la commune de Matoury. Cela en était trop pour la Guyane : rapidement les réseaux sociaux se sont enflammés et des appels à s’armer ont été diffusés. « Marre des mouvements pacifiques, créons notre milice puisque l'État est incapable de nous protéger », régissait l'un. « Messieurs, munissez-vous de ce qu'il faut, ça peut arriver à n'importe qui d'entre nous », commentait un autre...

Comme l’avait déjà fait Serge Smock, maire de Matoury et président de la CACL, après l’assassinat brutal d’Andy Ramkaram, le sénateur Georges Patient interpelle une nouvelle fois le Ministre de l’Intérieur ce matin. « Il me semble essentiel que Gérald Darmanin, se déplace et vienne rapidement ici en Guyane constater par lui-même la situation », affirme-t-il.

Dans le même temps, Gabriel Serville annonce la tenue, fin septembre, des « Assises de la sécurité » afin d’ « affirmer notre désaccord et notre condamnation de ces ignominies qui gangrènent la vie de notre société guyanaise » et pour « que des actes forts soient posés et des décisions entérinées. »

En outre, les forces de l'ordre guyanaises se retrouvent encore à devoir choisir entre le pillage des ressources aurifères et la sécurité des Guyanais. L’utilité des discours aux Assises restera aussi à prouver...

La communauté chinoise de Guyane témoigne 
La victime de 60 ans faisait partie d'une famille élargie, largement implanté sur le territoire guyanais.

« Ses parents et sa famille étaient là depuis longtemps », confirme William Wang, représentant de l’équipe prévention de la communauté chinoise de Guyane. Il était selon ce dernier père de trois enfants : deux filles et un fils.

William Wang « condamne fermement les faits », avant d'ajouter : « tirer directement cinq coups : c’est une intention directe de tuer. »

L’équipe prévention de la communauté demande ainsi « plus de patrouilles et que les interventions soient plus rapides. » Le représentant demande à ce que les forces de l’ordre prennent le temps de la rencontre avec les gérants de libre-service afin qu’ils soient mieux préparés.

• Notre entretien avec le général Jean-Christophe Sintive, commandant de la gendarmerie de Guyane à lire dans notre édition hebdomadaire du vendredi 2 septembre.

A LIRE AUSSI :  L'entretien avec le procureur général Joël Sollier, qui évoque la lutte de la justice contre les gangs en Guyane.


Ce matin également, un rassemblement contre l'insécurité prenait place sur la place des Chaines-brisées à Cayenne :