Dans le viseur : des réseaux de vente d'arme à feu via WhatsApp démantelés

Après un an d'enquête, la Section de recherche de Cayenne a mené une opération judiciaire qui a mobilisé 140 gendarmes le 31 mai dernier. 10 personnes mises en cause dans un trafic d'arme via la messagerie WhatsApp ont été interpellés. Des armes de poing et des munitions ont également été saisies. Retour sur le déroulé de cette opération.
Pendant toute une année, les investigations sont menées et la section de recherche identifie deux groupes distincts accessibles soit par intégration directe, soit via lien d’invitation.
« Les difficultés initiales étaient de rentrer sur ce type de réseaux, » raconte le Général de division Stéphane Bras. Une fois infiltré par le biais d’une fausse identité, les enquêteurs « vivent comme n’importe quelle personne sur le groupe. L’objectif est de voir quelles infractions sont commises et de trouver qui se cache derrière ces comptes, » poursuit le Lieutenant-Colonel Renaudin, directeur opérationnel de l’enquête.
Les prix à la vente constatés vont de 800 à 3500 euros. Des cartouches en tout genre allant jusqu’à 8 euros l’unité sont aussi proposées.

Les gendarmes voient les annonces, mais les échanges entre acheteurs et vendeurs ne s’effectuent pas sur le groupe général, mais plutôt en privé. À partir de là, il ne leur a pas été possible de surprendre en flagrant délit une transaction d’arme. Mais l’affaire continue.
De là, les enquêteurs cherchent à identifier les personnes les plus actives. 15 profils sont ciblés. Parmi eux, dix administrateurs particulièrement actifs. Par ailleurs, certains des acheteurs figurent sur les deux groupes infiltrés, apprend-on encore.
Arrive finalement le jour du 31 mai 2022. Une large opération judiciaire est menée. 140 gendarmes sont mobilisés. Ils interpellent 10 personnes - parmi eux, deux mineurs - saisissent une dizaine d’armes de poings et des centaines de cartouches de munitions sur place. D’autres accessoires de guerre sont trouvés. « Le succès de l’opération a été assuré par la simultanéité des perquisitions menées autour de l’ile de Cayenne, » se félicite encore le Général Bras.
Les suspects sont d’abord placés en garde à vue pendant 96 heures, puis déférés le 3 juin 2022. Quatre des personnes sont placées sous mandat de dépôt, les six autres sous contrôle judiciaire. Les jugements auront lieu en juillet. Les infractions retenues sont la vente d'arme, l'acquisition, la détention et l’association de malfaiteurs en vue de commettre un crime.
Le général Bras se défend de cet argument : « évidemment, il y a des gens qui trafiquent à un niveau plus important, mais tous nous intéresse. On peut avoir l’impression que c’est une goutte d’eau dans l’océan, mais si personne ne s’en occupe, la situation ne s’améliorera jamais. Il ne faut pas avoir d’état d’âme à ce genre de trafic. »
Nous apprendrons enfin que ces armes transitaient via le Suriname, depuis l’ouest du département.