Braquage à Saint-Laurent : «Aujourd’hui, agresser une station-service, ça ne rapporte pas grand chose»
FAITS DIVERS

Braquage à Saint-Laurent : "Aujourd’hui, agresser une station-service, ça ne rapporte pas grand chose"

Jade Letard-Methon (j.letard-methon@agmedias.fr)
La station est l'une des deux existantes dans la capitale de l'Ouest.
La station est l'une des deux existantes dans la capitale de l'Ouest. • RS

Un énième fait de violence s'est produit la nuit dernière à Saint-Laurent-du-Maroni. Plusieurs hommes armés s'en sont pris à une station-service pour lui dérober sa caisse, en vain. Le gérant et son équipe sont à bout et exigent de travailler dans des conditions viables. 

« On vit aujourd’hui avec un sentiment de peur, de crainte ». Brice Chaumet est agacé et déplore les conditions dans lesquelles ses employés et lui-même sont obligés de travailler. Ce mercredi soir, la station-service dont il a la gérance a été le théâtre d’une attaque à main armée et malgré cela, elle est ouverte aujourd’hui. « On a une politique où on ne veut pas se laisser abattre et laisser passer la terreur », nous indique celui qui est aussi l’actuel président du Groupement des Gérants de Stations-Services de la Guyane.

L’ensemble des collaborateurs de Brice Chaumet s’est rendu aujourd’hui sur son lieu de travail pour échanger, pour faire un débriefing mais surtout pour soutenir leurs collègues qui ont vécu l’agression d’hier soir. Toute l’équipe est remontée en plus de l’état de choc : « Le personnel qui était présent a été un peu violenté donc il est choqué et effaré par la situation.»
Pas de caisse à emporter
Hier soir, peu avant 20 heures, 4 hommes armés débarquent dans la station Petrodys de Saint-Laurent-du-Maroni avec pour intention de faire main basse sur le contenu de la caisse. Quelques clients sont sur les lieux ainsi que l’équipe qui travaille ce soir-là. Manque de pot pour les braqueurs, les caisses de l’établissement sont sécurisés et ne peuvent être saisies par quiconque. De dépit, ils se saisissent de quelques articles vendus à l’intérieur comme des paquets de cigarettes et s’engagent vers la sortie. En partant, l’un des individus tire un coup de feu en l’air qui ricoche et dont les projectiles viennent se loger dans la jambe d’un client sur place. Sur ces entrefaites, une patrouille de gendarmerie arrive sur place, met en fuite les agresseurs et lancent la chasse, sans succès.

Les blessures de l’homme touché par les projectiles ne présentent pas de gravité, selon les services de secours, et il est transporté à l’hôpital Franck-Joly pour y être soigné. Le manager de la station-service est aussi blessé, à la tête, après avoir reçu des coups de crosse de la part d’un des assaillants qui fouille avec vigueur les personnes présentes. Les braqueurs sont toujours en fuite et une enquête a été ouverte.

Outre ses services de sécurité et ses systèmes de sécurité et d’alarmes, un des atouts de la station-service réside dans les deux monnayeurs automatiques installés. En effet, ces caisses intelligentes - que l’on peut retrouver dans d'autres commerces - évitent toute manipulation d’espèces aux caissiers. « Ça permet d’avoir une sécurité pendant l’agression puisque personne n’a la clé du coffre dans la station. » Le gérant de la station évoque tout de même des améliorations à mettre en place telles que des procédures en cas d’agression ainsi que des formations. « Face à ce genre de situation, on ne sait pas toujours comment réagir. »
Un tir qui aurait pu tout changer
En plus de l’agression, Brice Chaumet tient également à dénoncer le tir opéré par l’un des braqueurs qui aurait pu conduire à une fin d’une tout autre nature. Le coup de feu a été tiré dans l’immédiate proximité d’un volucompteur alors que la station était toujours ouverte et qu’elle servait des clients : de quoi créer une potentielle explosion malgré les mesures de sécurité qui existent.

Le chef d’entreprise se désespère, entre autres, du manque de commissariat qui favorise, selon lui, l’insécurité. L’importante circulation des armes à feu en Guyane est aussi un sujet qu'il évoque tant est il est au goût du jour. Par ailleurs, il s’étonne de l’impossibilité de faire des portraits-robots dans la ville de plus de 42 936 habitants (NDLR : selon l’INSEE en 2020) alors qu’il assure que tout son personnel a vu les assaillants.

Aujourd’hui, pour tous ses employés, pour tous les personnels de stations-services de Guyane et pour l’ensemble de la population, Brice demande des réactions des pouvoirs publics et des élus locaux « Il faut que des décisions soient prises, il faut que des actions soient menées, il faut que des moyens soient mis en place. »

« Le temps du constat, il est fini. Maintenant, il faut que l’on stoppe cette montée de la violence et des agressions. »

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