Prospérité en balade sur le chantier de la Ceog
ENVIRONNEMENT

Prospérité en balade sur le chantier de la Ceog

Samuel ZRALOS

Les habitants de Prospérité et leurs soutiens ont occupé le chantier contesté de la centrale électrique de l'ouest guyanais ce matin, en l'absence des ouvriers, avant un blocage à l'entrée du site.

Des groupes de volontaires disséminés dans la forêt, une manifestation sur la piste du chantier : les opposants à l'emplacement de la future centrale électrique de l'ouest guyanais (Ceog) ont mis les petits plats dans les grands ce matin. Un seul objectif, toujours le même, "occuper le terrain pour que les arbres ne tombent plus et que la forêt soit préservée", explique Christophe Yanuwana Pierre dans un sourire, alors que les manifestants avancent sur le chemin boueux.
 
Une promenade bien tranquille, puisque la Ceog a pris le parti de ne pas avancer le chantier en ce jour de démonstration amérindienne. On peut supposer qu'il s'agit d'éviter tout affrontement ou dégâts matériels, même si un responsable du site a affirmé auprès de France Guyane qu'ils ne "communiquaient pas" pour le moment.
 
Au fil des 16 hectares de forêt déjà défrichés, les chablis sont nombreux à rester sur place, au milieu d'une terre rendue très boueuse par la pluie et l'absence nouvelle de couvert. Thomas Brail, du Groupe national de sauvegarde des arbres, déjà venu une première fois en Guyane, est de retour ce matin sur le chantier de la Ceog, pour témoigner de ce qu'il s'y passe et "pour ramener ce regard" en hexagone, "montrer" ce qu'il voit comme un "désastre en cours". 
 
A ses côtés, Roland Sjabere, yopoto du village dont la proximité avec la centrale est au cœur de la contestation, ne bouge pas d'un iota. Comme depuis plus d'un an, il répète que les habitants vont "protéger le site, continuer la résistance" jusqu'à "ce que le projet soit déplacé".
 
Pas de danse à la base vie
 
Après presque deux heures de marche, le gros du cortège arrive enfin en vue de l'entrée du chantier (les petits groupes sont restés en forêt), où les attendent vigiles de la Ceog et deux fourgons de gendarmerie. Débute alors la seule action de la journée : les deux groupes antagonistes, collés les uns aux autres, entament un pas de deux dans la boue, qui provoque quelques rires dans l'assistance. 
 
"On ne fait que passer, nous sommes venus constater ce que vous faites sur nos terres", lance Christophe Yanuwana Pierre en lançant un mouvement vers la route, située à une quarantaine de mètres. "Vous êtes sur un terrain privé, on a ordre de laisser passer personne", lui répond le chef de la sécurité du chantier, qui préfère ne pas donner son nom. La ligne des corps flotte, avance d'un mètre et recule d'autant, sans violence, mais sans non plus la moindre once de dialogue. Comme une image des relations entre deux parties qui semblent ne plus se comprendre depuis longtemps. 

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