Le premier roman de Saïna Manotte
Nouvelle sortie

Le premier roman de Saïna Manotte

O.Z, france.guyane@agmedias.fr

Exclusivité France-Guyane : Révélation musicale de ces dernières années, la guyanaise publie son premier roman aux Editions du Mahury : Un zakari et une danse. Nous l’avons lu pour vous.

Nini a 13 ans lorsqu’elle doit quitter Sinnamary pour Cayenne. Cet exil forcé met un terme à une vie heureuse chez ses grands-parents. Une enfance au bord de l’eau entre jeux, parties de pêche et amour de la danse. Avec délicatesse, Saïna Manotte fait revivre un fragment de la Guyane du milieu du XXème siècle. A mesure que l’enfant, puis la jeune femme, se promène dans la vie, l’autrice nous transporte dans ce péyi Guyane qui charrie avec lui tant de mystères, tant de mystique. Ici, les feuilles ont tout pouvoir et les morts ne sont jamais loin des vivants.

Photographie d’une Guyane pas si lointaine, l’ouvrage est un véritable éloge à la langue et aux traditions créoles. Ici, on va à la messe couvert de bijoux en or, on mange pimentade, kalou et dizémilé, on prie, on aime, on danse en créole.

Disponible en Guyane à la fin du mois, Un zakari et une danse sera également en commande pour les professionnels du livre sur le site de l’éditeur, pour une réception des livres plus rapide, et sur le site de Saïna Manotte.

L’extrait :


« Man Vévé m’a toujours interdit de danser lorsque je mange, mais je ne peux pas m’empêcher de gigoter de bonheur.

C’est quelque chose que je fais depuis toujours. Mon corps se met à frétiller pour accompagner mes dents qui dansent dans ma bouche. Alors, lorsqu’elle passe près de moi et arrête ses grands yeux habités sur mes hanches joyeuses, je me fixe comme un bâton et déguste mon zakari consciencieusement.

Quelques fois, elle ne dit rien. D’autres fois, un poing sur sa taille et toujours en s’éventant avec son walwari de l’autre main, elle déforme ses lèvres en un tchip bruyant. Elle roule des yeux et me traite de sauterelle folle. Ces fois-là, je sais qu’elle est de bonne humeur et le son mouillé de son tchip me donne envie de me remettre à danser.

Man Vévé dit que je suis beaucoup trop agitée. C’est vrai que je danse quasiment tout le temps, tous les jours que le Bon Dieu fait. Je danse en marchant, en attendant et en mangeant.

Il n’y a qu’en période de carême que je ne danse pas. Man Vévé me l’interdit. Elle dit que danser pendant le carême ferait mincir mes jambes et me rendrait difforme. »

*Retrouvez l’interview de Saïna Manotte dans notre édition hebdomadaire du 19 mai 2023.