Jeunes en librairie : un chèque pour la lecture

Le dispositif national "Jeunes en librairie" permet à des élèves d'obtenir 30 euros pour acheter des livres. Monique Dorcy, chargée du développement du projet, nous en explique les contours.
- Qu'est-ce que "Jeunes en librairies" ?
Ce dispositif permet à des élèves d'acquérir, pour la valeur de 30€, des livres. Nous avons ciblé, cette année, les collèges et les classes de CAP des lycées professionnels, l'objectif étant d'atteindre 2 000 élèves. Les classes sont retenues sous condition d'un projet porté par un ou des enseignants (via la plateforme Adage du rectorat, ndlr), et validé par la commission. Il s'agit, pour ces jeunes de choisir les livres sans prescription des enseignants, de dialoguer avec les libraires, de vérifier la diversité de l'offre...
- Est-ce que cela fonctionne dans toutes les librairies ?
Les grandes surfaces sont exclues du projet. Seules les librairies Kazabul à Cayenne, Lettres d'Amazonie à Rémire-Montjoly, La librairie du Vieux bourg à Kourou et Le Toucan, à Saint-Laurent sont concernées. Lors du Salon du livre de Guyane, une classe a eu la possibilité d'acheter auprès des libraires ou directement aux éditeurs. Ce fut une magnifique occasion de prendre contact avec les auteurs d'ici et d'ailleurs, et de s'approprier la production éditoriale locale.
"La solidarité guyanaise n'est pas un vain mot"
- Quels produits sont concernés ?
Tous les livres et rien que les livres. Ce qui fait l'intérêt d'un tel dispositif, c'est la notion même de liberté de choix, ce qui n'interdit pas le conseil. C'est ainsi que certains ont découvert la littérature régionale, les biographies de leurs sportifs ou artistes préférés, des documentaires fabuleux sur les animaux, l'anatomie... Une contrainte cependant : un seul manga par élève.
- Est-ce que la Guyane bénéficie du même montant qu'au niveau national ? Les prix n'étant pas les mêmes chez nous...
Il est vrai que le prix unique du livre est augmenté, en Guyane, d'un coefficient lié au transport. Mais le chèque-lire reste le même. C'est une question à creuser.
- Quels sont les freins à un tel projet en Guyane ?
Un transport trop coûteux pour les établissements des communes éloignées, voire enclavées. Il est clair que cette question est une épine dans le pied de tous les porteurs de projets qui se battent contre l'exclusion. Il nous faut, cependant, remercier Air Guyane, qui achemine gracieusement les livres sélectionnés par les élèves de Camopi et de Grand-Santi ; également le Parc amazonien qui s'est proposé. La solidarité guyanaise n'est pas un vain mot.