Mardi après-midi, une nouvelle fois, le
Haut-Maroni apprenait le suicide de l'un de ses enfants. Un jeune
Amérindien de 28 ans qui vivait à Antecume-Pata, père de trois
enfants, sans travail. Le chanteur de reggae David Khana, le «
Wayana boy » du Maroni, le connaissait bien. Hier, il nous disait
vouloir composer une chanson « en wayana, en français et en taki-
taki » pour parler de ce mal-être : « Tout le monde pourra
l'écouter, la comprendre » .
Depuis le début de l'année, quatre
Amérindiens se sont donné la mort ; deux sur l'Oyapock, deux sur le
Haut-Maroni. Une tendance qui repart malheureusement à la hausse
ces derniers mois. Plusieurs Amérindiens oeuvrant dans le domaine
associatif comptaient venir sur le Haut-Maroni au mois de juillet
pour lancer une campagne de prévention sur la drogue, l'alcool et
les tendances suicidaires. La tournure des événements les a
convaincus qu'ils devaient avancer la date de leur voyage. « On n'a
pas encore fixé de date, mais on réfléchit. Et on doit réfléchir
vite, explique Alain Mindjouk, président de l'association
Prévention santé, à Iracoubo. On se réunit entre nous, Amérindiens.
Car si on ne se prend pas en main, on ne va jamais s'en sortir » .
L'objectif de ce déplacement (financé par leur propre argent) est
de sensibiliser les habitants aux conduites addictives, mais aussi
de parler de l'identité amérindienne : « Nous voulons réunir les
habitants pour parler de notre identité, nos valeurs, pourquoi on
boit, on se drogue, pourquoi on se suicide. Nous voulons leur
redonner de la dignité ; il faut être fier d'être
Amérindien....