Suicides chez les Amérindiens : des pistes de réflexions

Suicides chez les Amérindiens : des pistes de réflexions

Dossier réalisé par : S.B. et A.S.-M.
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Après le nouveau suicide qui a frappé Antecum Pata le 15 mars, plusieurs personnalités des communautés amérindiennes de Guyane réagissent. Les causes du malaise, le passage à l'acte, les absences de l'État ou les responsabilités des communautés, ils nous éclairent sur un phénomène préoccupant et évoquent leurs solutions.

 
ALAIN MINDJOUK
 
Président de l’association Prévention santé, à Iracoubo
Comment expliquez-vous la vague de suicides qui touche les communautés amérindiennes ?
Il existe plusieurs pistes pour expliquer les suicides chez les Amérindiens. D’abord, nous sommes très sensibles. Physiquement, physiologiquement, nous tenons moins l’alcool que les autres, comme les Européens ou les Noirs. Et ça agit sur le mental et le physique. Les habitants des communes du fleuve sont aussi très isolés. Il n’y a pas d'infrastructures, pas d’activités. Cela peut conduire à un sentiment d’échec. Et puis, il y a une perte de l’identité, on ressent qu’il n’y a pas de fierté à être Amérindiens, pourtant, nous avons beaucoup de valeurs.
Vous parlez d'une perte de l'identité…
Tous les peuples premiers subissent les mêmes problèmes, comme les Aborigènes en Australie ou les Amérindiens d’Amérique du Nord. On perd notre identité, nous subissons. Mais il suffit que deux ou trois jeunes se rendent actifs pour revendiquer cette culture-là. Nous, on s’est engagé tout seuls, personne ne nous a poussés, on l’a fait pour aider notre peuple.
Cela fait longtemps que vous sentez ce mal-être ?
On avait tenté de sonner l’alerte plus tôt. On voyait sur le terrain le malaise. On voyait que ça pouvait mal finir. Depuis mon plus jeune âge j’ai été confronté dans mon entourage à l’alcoolisme. Deux personnes de ma famille se sont suicidées...

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