ALAIN MINDJOUK
Président de l’association Prévention santé, à
Iracoubo
Comment expliquez-vous la vague de suicides
qui touche les communautés amérindiennes ?
Il existe plusieurs pistes pour expliquer les suicides chez les
Amérindiens. D’abord, nous sommes très sensibles. Physiquement,
physiologiquement, nous tenons moins l’alcool que les autres, comme
les Européens ou les Noirs. Et ça agit sur le mental et le
physique. Les habitants des communes du fleuve sont aussi très
isolés. Il n’y a pas d'infrastructures, pas d’activités. Cela peut
conduire à un sentiment d’échec. Et puis, il y a une perte de
l’identité, on ressent qu’il n’y a pas de fierté à être
Amérindiens, pourtant, nous avons beaucoup de valeurs.
Vous parlez d'une perte de
l'identité…
Tous les peuples premiers subissent les mêmes problèmes, comme les
Aborigènes en Australie ou les Amérindiens d’Amérique du Nord. On
perd notre identité, nous subissons. Mais il suffit que deux ou
trois jeunes se rendent actifs pour revendiquer cette culture-là.
Nous, on s’est engagé tout seuls, personne ne nous a poussés, on
l’a fait pour aider notre peuple.
Cela fait longtemps que vous sentez ce
mal-être ?
On avait tenté de sonner l’alerte plus tôt. On voyait sur le
terrain le malaise. On voyait que ça pouvait mal finir. Depuis mon
plus jeune âge j’ai été confronté dans mon entourage à
l’alcoolisme. Deux personnes de ma famille se sont
suicidées...