Les mines sont déconfites, ce mercredi
matin, sur le port de Sinnamary. Il faut dire que le chef
d'équipage du Sea Breeze vient d'être contraint d'abandonner son
embarcation de quinze mètres aux mains de la gendarmerie. Pas de
quoi rigoler. « Je vais devoir régler des comptes en rentrant au
Suriname » , confie, l'air inquiet, le pêcheur d'origine
guyanienne.
La nuit passée, son navire a été intercepté
par une équipe de la Marine nationale au large de la crique
Counamama. Comme l'explique le commandant Roddon, « c'est une zone
très poissonneuse » . Voilà pourquoi les six pêcheurs clandestins
ont poussé jusqu'à Sin- namary pour tendre leurs filets. « Il n'y a
plus beaucoup de poissons au Suriname » , se défendait Loyd,
quelques minutes après l'arrivée de l'équipe d'intervention, au
beau milieu de la nuit.
Pour ce Guyanien de 32 ans, père de trois
enfants, « pêcher est le seul moyen » pour nourrir sa famille. Lors
d'une campagne de vingt jours en mer, il peut ainsi gagner jusqu'à
500 ou 600 dollars surinamais (environ 150 euros). À condition bien
sûr que la pêche ait été bonne et que le bateau soit plein. D'après
le chef du navire, celui-ci peut emporter jusqu'à deux tonnes de
poisson. À bord, les conditions sont spartiates : quelques
tambouilles crasseuses traînent au sol, entre deux sacs de riz. Des
matelas - où ce qui y ressemble - sont entreposés à l'avant du
bateau, là où un petit autel a également été aménagé....