Portraits de marronnes, les résistantes invisibilisées
Histoire

Portraits de marronnes, les résistantes invisibilisées

Samuel ZRALOS, france.guyane@agmedias.fr
Une vision artistique et contemporaine de Gertrude ou Jértrud sur les bords de la Comté. C'est grâce à l'exercice de la « vision prophétique du passé » évoquée par Edouard Glissant que peuvent possiblement se combler ces manquements de l'histoire.
Une vision artistique et contemporaine de Gertrude ou Jértrud sur les bords de la Comté. C'est grâce à l'exercice de la « vision prophétique du passé » évoquée par Edouard Glissant que peuvent possiblement se combler ces manquements de l'histoire. • RASHIDA VIANO. CONCEPTION ASSOCIATION KOPÉNA, REPRODUCTION INTERDITE

Dans les récits de marronnage, les femmes sont souvent les grandes absentes, à l'exception d'une ligne pour nommer l'épouse de tel ou tel héros célébré. Pourtant, les femmes marrons ont joué un rôle important et encore peu étudié dans la lutte contre les colons en Guyane. C'est le cas de ces femmes. 

Marion, la sage-femme

Marion est une marronne dont le nom est aujourd'hui souvent oublié, alors même qu'elle est active dès 1748, dans la région de Kourou et Tonnegrande. Cette ex-esclave est une sage-femme qui accompagne la naissance des bébés et assure la prospérité de son village de résistants. Elle fait partie du groupe de la montagne Plomb, dirigé par André. 

Marion est l'une des deux seules sages-femmes du village. En plus d'aider à l'abattis, pour assurer la survie des marrons, elle a la charge de mettre au monde des enfants libres. Ce qui permet au village de constituer de véritables familles, de faire ainsi société. « C'était une femme très réputée dans ces années », explique Consuela Welli, qui s'intéresse notamment aux questions de patrimoine. « Durant ces moments de lutte, on avait besoin d'hommes, de bras, donc mettre en vie de nouveaux hommes, de nouvelles femmes pour assurer la vie et la continuité du combat » constituait « un rôle...