Josy Masse nous a quittés. La native de Saint-Georges de l’Oyapock a représenté un pan entier de la musique guyanaise. Alors que ses parents lui prédisait une voie de chanteuse lyrique, c’est à la chanson créole qu’elle avait décidé de se consacrer, à une époque où ce n’était pas forcément bien vu. Josy Masse a alors enchaîné les albums de musique traditionnelle guyanaise, du grajé à la biguine. Certains de ses titres font aujourd’hui partie de notre patrimoine : Oyapock, Mo genyen chagren la tchò, Mo sò Paula, ou O baniso »…
Installée à Paris depuis 1958, Josy Masse ne s’est jamais détachée de sa région natale, où elle est régulièrement revenue se produire. Élégante, elle était aussi engagée, à l’image d’un de ses titres que l’on trouve sur un de ses derniers albums, On est tous des immigrés, écrit par Jean-Paul Tucky sur une musique d’Yvan Rollus. « Le plus beau texte qu’(elle) n’ait jamais entendu », disait-elle. Tour à tour comédienne (elle a notamment joué dans le film Orpailleur de Marc Barrat), danseuse et chanteuse, elle a connu les plus grandes salles parisiennes comme l’Olympia, le Lucernaire ou encore le Palais des Congrès. Elle laisse aujourd’hui des chansons intemporelles, quelques fois teintées d’humour, sans langue de bois et toujours avec classe.
Géro Hygin : « Une voix puissante et unique »
« Nous nous étions rencontrés en 2014 lorsque je montais le spectacle Carré d’or, avec Tonton Jo et Ralph Tamar. On a tout de suite eu un très bon contact. Nous mangions ensemble lorsque je me rendais à Paris. Josy Masse mettait tout le monde d’accord sur sa voix, puissante et unique. On ne pouvait pas la confondre avec quelqu’un d’autre. Elle avait également un fort tempérament et tenait beaucoup au respect. Elle ne se laissait pas faire et était épidermique à la malhonnêteté ! Ses chansons font aujourd’hui partie du patrimoine guyanais. On perd une valeur sûre. »
Denis Duvigneau : « Elle avait la nostalgie du pays »
« J’ai pu travailler avec elle pour la collection Kolekt’Or. Nous avons pu récupérer ses deux plus grands succès des années 1960 : Oyapock et O banisso, qui n’existaient alors que sur vinyle. Elle nous a fait l’honneur de participer au concert Kolekt’Or en décembre 2013. Je me souviens qu’elle m’avait raconté comment lui était venue la chanson Oyapock : à la fenêtre de sa maison parisienne, loin de la Guyane, elle avait la nostalgie du pays. Elle avait envie de tout lâcher pour revenir. Ce qu’elle ne fit jamais. Elle revenait régulièrement en Guyane par contre. Soit en privé, soit invitée en concert. C’est une artiste qui inspirait le respect. Une des rares que je vouvoyais ! Je l’ai eue au téléphone il y a un mois, elle me disait qu’elle revenait d’une maladie… On perd une grosse pointure de la musique guyanaise. »
