Gwendoline Dekon, icône du combat social

Gwendoline Dekon, icône du combat social

Gérôme GUITTEAU

Une image a fait le tour du web et des maisons guyanaises. Celle d’une jeune Maripasoulienne brandissant le drapeau guyanais bien haut.

Eugène Delacroix n’aurait pas renié la photo, lui qui a peint la Liberté guidant le peuple. Une peinture qui a influencé Gwendoline Dekon sur les barrages (DR)

On pourrait parler de ses jambes interminables ou de son regard intense, de sa joie de vivre qui transparaît à chacune de ses phrases mais cela serait bien peu pertinent. Gwendoline Dekon, dont le profil, drapeau à la main, juchée sur un camion de la Crique fouillée, s’est répandu sur toute la toile, ne se résume pas à un physique ou à une pose devenue légendaire.
« J’apprécie mon rôle d’icône, les gens s’identifient à ma personne et au combat mené. Les contacts que j’ai restent bon enfant et très sympathiques mais il ne faut pas oublier la lutte. Nous devons rester fermes et déterminés sinon on perdra toute crédibilité aux yeux de Paris. Nous sommes tous fatigués et impatients de reprendre nos vies mais nous avons un combat à terminer », proclame la jeune maman de 25 ans, originaire de Maripasoula.
Pour elle, le compte n’y est pas en termes de santé et de désenclavement. « J’en ai assez de payer mes 169 euros pour me rendre à Maripasoula. Je veux prendre la route pour passer un week-end à Grand-Santi. Notre vie sur le fleuve changera peut-être mais nous sommes prêts à prendre le risque. Quand on subit un AVC sur le fleuve, on meurt alors que sur le littoral, ce n’est pas le cas. Pareil, sur la sécurité. Nous n’osons plus aller en forêt à cause de l’orpaillage clandestin. On a peur de boire l’eau du Maroni », décrit-elle d’une voix calme mais décidée. Elle reprend : « Je suis contente que l’ensemble des Guyanais s’identifie à une jeune femme bushinengue. Il est rare que nous soyons mis en avant comme cela. J’en suis très fière, mon papa aussi d’ailleurs. »
La jeune femme, en master 1 d’anglais à l’Espé, détentrice d’une licence de communication et marketing, aime discuter. La tchatche, c’est son rayon. On pourrait croire que la photo a été préparée : « Je vous assure que non ! C’était très spontané. J’ai une amie, Christel, qui adore prendre des photos. On s’est juste amusées. D’ailleurs, la photo qui a le plus circulé avec les panneaux de signalisation a été prise par un monsieur qui passait par là. Je refuse de faire de l’argent dessus. Notre combat est trop important. J’ai reçu des exemplaires de t-shirt avec mon effigie. J’ai refusé », assure Gwendoline, fille d’un élu de l’opposition à la collectivité territoriale et qui s’est occupée, un temps, de la communication à la mairie de Maripasoula.
Après la crise sociale, il sera temps pour Gwendoline de se pencher sur les épreuves orales du Capes d’anglais qu’elle passe et de terminer son mémoire qui a pour sujet : « Comment apprendre l’anglais en se servant des langues bushinengues ? » Un autre combat, estudiantin celui-là, qui pourrait lui permettre de retourner sur le fleuve et de devenir un exemple de réussite pour les enfants de l’intérieur. Une autre manière de passer d’une icône à une idole.

Eugène Delacroix n’aurait pas renié la photo, lui qui a peint la Liberté guidant le peuple. Une peinture qui a influencé Gwendoline Dekon sur les barrages (DR)