Nature : Envol avec les abeilles « Buckfast », des travailleuses sympathiques
Elle est utilisée partout dans le monde car très appréciée pour ses nombreux traits de caractère. En Guyane, son croisement avec l’espèce d’abeille locale facilite le travail de certains apiculteurs locaux. Pause nature à la découverte de l’abeille Buckfast, une des chouchoutes du monde apicole.
Sur le chemin qui mène aux ruchettes, le passionné d’abeilles nous refait un petit point d’histoire pour mieux comprendre la provenance de la variété. La Buckfast, c’est avant tout l’histoire d’une abeille résiliente. Au siècle dernier, des milliers de colonies d’abeilles sont décimées dans les îles britanniques par l’acarien des tranchées, acarapis woodi. Mais, dans le sud de l’Angleterre, un moine, le frère Adam de l’abbaye de Buckfast, observe ingénieusement que certaines abeilles ne sont pas mortes. Ils sélectionnent les plus résistantes d’entre elles qu’il croise à d’autres variétés, toujours de l’espèce apis melifera. À force de croisements génétiques, le frère Adam finit par stabiliser cette variété qu’il nomme Buckfast. Depuis, les croisements et les sélections n’en finissent plus pour tirer le meilleur d’une abeille déjà remarquable.
Si l’abeille Buckfast plaît autant, c’est pour ses qualités qui diffèrent de ses cousines. L’apiculteur de Sinnamary considère qu’il s’agit d’une abeille « douce, qui résiste à certaines maladies et très hygiénique ». « Elle s’épouille et se nettoie bien », continue encore Bruno Gaucher. Mais s’il y a bien un avantage que l’homme tient à mettre en avant, c’est le fait que l’abeille Buckfast essaime peu. Comprenez qu’elle préfère généralement rester sagement dans son logis plutôt que d’aller trouver refuge ailleurs.
L’essaimage, les apiculteurs le tiennent un peu en horreur puisqu’il s’agit tout bonnement de la division de la colonie. « Il y a une partie de la colonie qui part pour s’installer dans les compteurs d’eau, dans les compteurs électriques, dans les toitures de maisons et c’est toujours un problème de santé publique puisqu’il y a des gens qui se font attaquer », explique Bruno Gaucher. Et cette réputation, la Buckfast ne l’a pas volé. Quand l’apiculteur enlève le toit de la ruchette, à peine quelques abeilles s’envolent pour nous entourer, sans agressivité. Tout le reste de la colonie reste agglutiné sur les cadres en bois. On peut même observer la reine, reconnaissable à sa « couronne » bleue, une marque visuelle chatoyante qui vise à indiquer son année de naissance.
En Guyane, certains producteurs de miel comme Bruno Gaucher préfèrent travailler avec des « ouvrières métissées ». Ces abeilles sont issues d’un croisement entre une reine Buckfast et les mâles (NDLR : faux bourdons) de l’espèce locale dite « abeille africanisée ou brésilienne ». Un insecte réputé un chouïa agressif. « Grâce à ce petit travail de sélection, on arrive à avoir une abeille plus douce, plus prolifique, qui produit du miel, très résistante et qui essaime peu ».

Pour arriver à ce résultat, un apiculteur fait venir 2 ou 3 reines Buckfast qui sont installées dans des petites ruches, les ruchettes. Leurs œufs et les larves sont récupérés et utilisés pour en faire un « greffage », c’est-à-dire que l’on va prélever des larves de moins de 3 jours que l’on va mettre dans des ébauches d’alvéoles royales. Le but est d’en faire un élevage dans une colonie sans reine où des petites reines Buckfast vont finir par voir le jour. À la suite de toutes ces manipulations humaines, la reine des abeilles déploie ses ailes, pour la seule et unique fois de sa courte existence, pour son vol de fécondation et la suite, vous la connaissez…
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