«Air France 212, me recevez-vous. Air
France 212, me recevez-vous. Répondez. Répondez. Répondez. » C'est
le 5 mars 1968, à 20h32, soit le 6 mars 0h32 en temps universel. La
tour de contrôle vient de perdre le Boeing 707 sur les radars. Le
vol AF 212 s'est fracassé contre la Soufrière. A l'écoute des
premières informations de la matinée du mercredi 6 mars, la
Guadeloupe est interloquée. La nouvelle fait le tour du pays: « Un
Boeing s'est écrasé à Matouba/Saint-Claude. » « J'ai entendu le
bruit des moteurs d'un gros avion. Le bruit était assez fort et m'a
incité à sortir dans le jardin », raconte Claude, jeune professeur
d'une vingtaine d'années à l'époque, qui habite Morne Houël. « J'ai
aperçu l'appareil, tous feux allumés, le feu clignotant en marche;
il semblait venir de Basse-Terre et se dirigeait vers
Pointe-à-Pitre. J'ai été choqué par le régime des moteurs. Il était
assez lent. On pourrait penser que l'avion était en vitesse
d'approche pour l'atterrissage. » Le témoin poursuit. « J'ai appelé
ma femme et avec elle, on a suivi la trajectoire de l'avion. Puis à
un moment donné, le toit de la maison voisine nous a masqué la vue.
» Claude et sa femme, tout comme quelques personnes habitant aux
alentours de Matouba/Papaye ont vu, audessus des arbres, une lueur
extrêmement blanche. « Elle a été suivie immédiatement d'un
embrasement de la montagne. Quelques secondes après, j'ai entendu
une détonation sourde pouvant s'apparenter à un bruit de tonnerre
lointain. Je suis monté sur la citerne et de cet endroit je voyais
l'impact », raconte-t-il. Le Boeing 707 en provenance de Caracas
n'atteindra jamais le...